L’inflation a atteint un niveau record en août en Turquie, avec une hausse de 58,9% sur un an, selon les données officielles publiées lundi 4 septembre. Cette inflation, qui n’avait cessé de décélérer depuis huit mois, a subitement réaccéléré en juillet, atteignant 47,8% sur un an. La principale cause de cette augmentation des prix à la consommation est la dépréciation de la livre turque.
En effet, la livre turque a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar depuis le début de l’année, entraînant ainsi une augmentation des prix importés et un impact sur l’économie nationale. Cette dépréciation de la monnaie turque est notamment due à l’interventionnisme de l’État dans les politiques monétaires et à la perte de confiance des investisseurs étrangers.
Cela a conduit à une hausse des prix à la consommation de 9,1% sur un mois en août. En juin, l’inflation avait pourtant atteint son plus bas niveau en un an et demi, à 38,2% sur un an, après avoir atteint un pic de 85,5% en octobre 2022. Toutefois, ces chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), qui estiment que l’inflation réelle est de 128% en glissement annuel.
Face à cette situation, la Banque centrale turque a relevé son principal taux directeur de 8,5% à 25% depuis juin afin de contenir l’inflation. Toutefois, elle a révisé ses prévisions pour la fin de l’année à la fin juillet, estimant que l’inflation atteindra 58% d’ici la fin de l’année, soit plus du double des précédentes projections. Elle prévoit ensuite un retour à la stabilité à partir de 2025.
Le ministre turc de l’économie, Mehmet Simsek, a souligné que la lutte contre l’inflation prendra du temps et que le pays se trouve dans une période de transition. Il a également affirmé que toutes les mesures nécessaires seront prises pour contrôler l’inflation et la faire refluer. De son côté, Timothy Ash, analyste au cabinet Blue Asset Management, estime que les chiffres de l’inflation sont assez alarmants et qu’ils vont augmenter la pression sur la banque centrale pour qu’elle relève encore davantage son taux directeur.
Cependant, le président turc Recep Tayyip Erdogan, connu pour ses théories économiques atypiques, est opposé à une hausse des taux d’intérêt, qu’il considère comme favorisant l’inflation. Après sa réélection à la fin de mai, Erdogan a nommé un nouveau ministre de l’économie et une nouvelle gouverneure de la Banque centrale, des nominations qui ont été saluées par les milieux économiques. Il pourrait donc s’opposer à une nouvelle augmentation des taux d’intérêt, malgré les recommandations des experts.
Cette situation d’inflation à deux chiffres, qui persiste depuis la fin de 2019, rend le coût de la vie difficilement supportable pour de nombreuses familles turques. Elle a un impact direct sur leur pouvoir d’achat et les contraint à réduire leurs dépenses. La situation économique du pays est donc préoccupante et nécessite des mesures rapides et efficaces pour endiguer l’inflation.
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