La sévérité des autorités judiciaires russes contre les opposants à l’invasion de l’Ukraine
Le 16 novembre 2023, au tribunal de Saint-Pétersbourg, en Russie, l’artiste et musicienne de 33 ans, Alexandra Skotchilenko, a été condamnée à sept ans de colonie pénitentiaire pour avoir collé des slogans contre la guerre par-dessus les étiquettes de prix dans un supermarché. Cette condamnation s’inscrit dans un contexte où l’appareil judiciaire russe prononce des peines d’une longueur exceptionnelle contre les opposants à l’invasion de l’Ukraine. Pour illustrer cette répression, un ancien vice-ministre de l’énergie, devenu opposant, a été condamné à huit ans de détention pour « diffusion publique d’informations mensongères sur les forces armées russes » en Ukraine.
Une répression généralisée
Cette sévérité n’épargne pas non plus les partisans et collaborateurs de l’opposant Alexeï Navalny. Trois avocats de M. Navalny ont été placés sur la liste des personnes « liées à des activités extrémistes ou terroristes », tandis qu’un habitant de Togliatti a écopé de six ans de prison pour avoir « dégradé des affiches représentant des militaires russes ». Cette répression généralisée intervient dans un contexte d’approche de l’élection présidentielle russe prévue en mars 2024, dont l’invasion de l’Ukraine ne figure apparemment pas parmi les thèmes de campagne privilégiés par le candidat sortant Vladimir Poutine.
Évolution de l’opinion publique
Une étude récente, menée par l’institut Russian Field, indique que 48 % des Russes se disent favorables à des pourparlers de paix avec l’Ukraine, contre 39 % qui se prononcent pour la poursuite de « l’opération militaire spéciale ». Cette évolution de l’opinion publique russe, marquée par une préférence croissante pour une issue négociée, semble expliquer la fébrilité des autorités et l’intimidation croissante de la société civile.
Une dénonciation citoyenne
L’affaire Alexandra Skotchilenko illustre le rôle des citoyens dans la répression des opposants. Cette artiste avait été dénoncée par une femme de 76 ans qui l’avait vue remplacer les étiquettes de prix dans un supermarché. Cette dénonciation citoyenne soulève des questions éthiques et morales, cette retraitée se disant «fière» d’avoir dénoncé un «crime» et s’indignant d’être traitée de «délatrice».
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