La détente entre l’Arabie saoudite et l’Iran
Le ministre saoudien de la défense, Khaled Ben Salman, et son homologue américain, Lloyd Austin, se sont rencontrés à Washington le 1er novembre 2023 (Susan Walsh / AP).
La détente entre l’Arabie saoudite et l’Iran, signée en mars sous l’égide de la Chine, manquait singulièrement de substance. La guerre entre Israël et le Hamas lui en redonne quelque peu. Face au risque d’embrasement régional, les deux rivaux renouent un dialogue, interrompu par six ans de rupture diplomatique.
Un dialogue renoué
Quatre jours après le déclenchement de la guerre, le 11 octobre, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, dit « MBS », et le président iranien, Ebrahim Raïssi, se sont, pour la première fois, parlé au téléphone. Dimanche 12 novembre, M. Raïssi est attendu à Riyad pour une réunion d’urgence de l’Organisation de la coopération islamique. L’Arabie saoudite, comme les Emirats arabes unis voisins, ne veut pas se laisser enfermer dans un face-à-face belliqueux entre l’Iran d’une part, Israël et les États-Unis d’autre part.
Une désescalade nécessaire
Clé d’une désescalade, le dialogue avec Téhéran ne remet pas en cause la normalisation avec Israël ni leur inclusion dans une architecture de sécurité régionale sous parapluie américain. La République islamique ne veut pas d’une guerre non plus, malgré les attaques de ses affidés au sein de l’« axe de la résistance » à Israël. Riyad peut lui offrir une porte de sortie, en l’incluant dans une solution diplomatique.
La position de l’Arabie saoudite
L’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, a été une pilule difficile à avaler pour la couronne saoudienne. Le coup de force du mouvement palestinien a intentionnellement ou non, suspendu les négociations avec l’État hébreu et éloigné la perspective de garanties de sécurité américaines supplémentaires. Le royaume, déjà frustré que l’Iran n’ait pas revu ses ambitions expansionnistes, a perdu l’illusion d’une sécurité régionale à l’ombre de laquelle bâtir son développement économique.
Une sécurité régionale fragile
Seul l’important dispositif militaire déployé par Washington lui garantit aujourd’hui, comme aux Emirats arabes unis, qui accueilleront la COP28 du 30 novembre au 12 décembre, de ne pas subir de nouveau des attaques des milices irakiennes et des rebelles houthistes yéménites.
La recherche d’une réduction des tensions
Les pays du Golfe ne se font aucune illusion sur le rôle déstabilisateur de l’Iran et les ambitions qu’il nourrit, mais le dialogue direct avec Téhéran reste la stratégie la plus sûre de réduction des tensions. « Contrairement aux Israéliens, les Golfiens ont compris que la confrontation n’est pas une solution. D’autant que les garanties de sécurité américaines ne sont plus les mêmes et qu’ils ont été choqués par la faiblesse d’Israël », analyse Fatiha Dazi-Héni, spécialiste du Golfe à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire.
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