Les tentatives de la Russie pour reconstituer ses réseaux d’espions au sein du camp occidental ne sont pas une surprise. Depuis le début de la guerre en Ukraine, elle cherche à compenser l’expulsion massive de diplomates russes. La France a été confrontée à cette réalité, ayant déclaré persona non grata 41 membres du personnel diplomatique russe depuis mars 2022.
Selon les informations obtenues par Le Monde auprès de sources diplomatiques françaises, la Russie a fait environ 200 demandes de visas pour des diplomates russes devant être affectés au sein de l’Union européenne. Ces demandes ont toutes été refusées, les vingt-sept Etats membres ayant renforcé les contrôles pour empêcher les agents russes de se faire passer pour des diplomates. Cette vigilance est fondée sur les procédures déjà en vigueur dans l’espace Schengen.
Chaque demande de visa est minutieusement examinée par les services de renseignement, le ministère des affaires étrangères et celui de l’intérieur du pays concerné. Cette rigueur vise à empêcher les services secrets russes de se servir des couvertures diplomatiques pour envoyer leurs agents en Europe. Malgré cette vigilance, le paysage de l’espionnage russe reste inquiétant pour les responsables français du renseignement. Néanmoins, ils estiment que les mesures prises sont à la hauteur des enjeux.
De nombreux officiers des services secrets russes sont désormais bloqués en Russie, certaines personnalités étant même jugées suspectes par l’UE. D’autres ont vu leur couverture diplomatique dévoilée après enquête, les rendant inaptes à rejoindre une représentation diplomatique dans l’espace Schengen. Face à cette situation, la Russie cherche à contourner le barrage des visas.
Les autorités françaises ont révélé que le FSB, les services russes de sécurité, a élargi ses activités hors de la Russie afin de combler les déficiences en matière de recrutement. Il leur a été demandé de recruter et de gérer des sources à distance, principalement depuis la Russie. Cette méthode repose en grande partie sur l’utilisation des outils technologiques tels que les réseaux sociaux et les messageries cryptées.
Cette méthode de recrutement est moins fiable que l’enrôlement sur le terrain, mais elle permet à la Russie de cibler les « proxies » présents en Europe, y compris en France. Il s’agit des sympathisants de la cause russe ainsi que des exilés. Cette stratégie représente un nouvel obstacle pour les pays de l’Union européenne qui doivent faire face à cette nouvelle dimension de l’espionnage russe.
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