Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen, et Sergueï Choïgou, le ministre russe de la défense, ont été vus ensemble lors d’une exposition d’armes à Pyongyang le 26 juillet dernier (source: AP). Cette proximité entre la Russie et la Corée du Nord, qui fait suite à vingt mois de guerre en Ukraine, soulève des questions sur les raisons qui ont poussé la Russie à se tourner vers ce pays. Selon la Maison Blanche, Kim Jong-un effectuera bientôt une visite officielle en Russie où il pourrait vendre des armes et des munitions à Vladimir Poutine, afin de combler les lacunes de son armée.
La date précise de la rencontre entre les deux dirigeants n’a pas encore été annoncée par le Kremlin, mais des spéculations font état d’un possible sommet à Vladivostok, sur la côte pacifique russe, en marge du Forum économique oriental qui aura lieu du 10 au 13 septembre. Des responsables américains cités par le New York Times ont confirmé cette possibilité. Par ailleurs, Sergueï Choïgou s’est rendu en Corée du Nord à la fin du mois de juillet, où il a assisté, aux côtés de Kim Jong-un, au défilé militaire organisé pour célébrer le 70e anniversaire de l’armistice de la guerre de Corée.
D’après des sources à Washington, cette visite avait pour objectif de convaincre Pyongyang de vendre des munitions d’artillerie à la Russie. Ces munitions sont réputées abondantes et compatibles avec les armes russes, car elles proviennent en grande partie des anciens arsenaux soviétiques. En échange, la Corée du Nord chercherait à acquérir des technologies de pointe pour développer son propre arsenal, ainsi que de l’aide alimentaire et des devises pour faire face à ses pénuries récurrentes. En effet, en tant qu’État paria, la Corée du Nord a tout à gagner en formant un partenariat, voire une alliance stratégique, avec la Russie, qui est également marginalisée sur la scène internationale.
Selon Cho Han-bum, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale, une coopération militaire entre la Corée du Nord et la Russie semble inévitable, car leurs intérêts respectifs convergent. Cependant, Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et directeur de l’Observatoire du multilatéralisme en Indo-Pacifique, ne partage pas cet avis. Il estime que la visite de Kim Jong-un en Russie revêt une grande importance symbolique, car il s’agirait de sa première sortie internationale depuis le début de la pandémie en 2020. Cette visite témoignerait de la réouverture diplomatique de la Corée du Nord et de son orientation vers des partenaires non occidentaux. De même, la présence de Sergueï Choïgou au défilé militaire nord-coréen en juillet a suscité un vif émoi, car il s’agissait de la première participation d’un dirigeant russe à un tel événement où des missiles nucléaires étaient présentés. Cette alliance tacite entre la Russie et la Corée du Nord est considérée comme irresponsable et légitime de facto le programme nucléaire et balistique nord-coréen.
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