Le pont de Crimée, également connu sous le nom de « pont Poutine », est un ouvrage d’une longueur de 19 kilomètres qui relie la Crimée annexée à la Russie. Inauguré en mai 2018, ce pont joue un rôle clé dans le conflit opposant Moscou à l’Ukraine.
Cependant, les enquêtes concernant sa construction ont été tardives et menées de manière particulièrement discrète. Les premières condamnations, tombées le vendredi 13 octobre, n’ont été rendues publiques que grâce à un communiqué de presse du parquet national néerlandais.
Quatre entreprises et huit personnes ont été sanctionnées par la justice néerlandaise pour leur participation à la construction du pont de Crimée. Les noms de ces entreprises et les identités exactes des personnes condamnées restent inconnus. Les entreprises ont été condamnées à des amendes totales de 160 000 euros et l’une d’elles devra également rembourser 71 000 euros de bénéfices illégalement acquis. Quant aux personnes condamnées, elles devront effectuer des peines de travail allant de vingt à soixante heures.
Le communiqué de presse précise que les entreprises concernées ont intentionnellement fourni du matériel et apporté une assistance technique aux concepteurs du pont, en violation des sanctions européennes et américaines imposées suite à l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Ces sanctions interdisent toute collaboration avec la Russie dans la construction du pont.
Ces révélations sont d’autant plus choquantes aux Pays-Bas que le pays a été durement touché par le conflit russo-ukrainien. En juillet 2014, 196 citoyens néerlandais ont perdu la vie dans le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines. L’appareil avait été abattu par un missile de fabrication russe au-dessus de l’est de l’Ukraine. Au total, 298 personnes ont perdu la vie dans cette tragédie. La justice néerlandaise a condamné en novembre 2022 deux Russes et un séparatiste ukrainien à la détention à perpétuité pour leur participation dans la destruction de l’avion.
La presse a joué un rôle déterminant dans la mise au jour de la collaboration entre des entreprises et la Russie dans la construction du pont de Crimée. En septembre 2017, un journal régional de la province de Gueldre a évoqué l’implication de deux petites sociétés dans la livraison de matériel de forage et l’assistance technique aux concepteurs du pont. Par la suite, le parquet national a ouvert une enquête impliquant cinq autres entreprises. Bien que les noms d’AkzoNobel, un géant de la chimie et de peinture, ainsi que de Mammoet, spécialisée dans le transport d’objets lourds, aient été évoqués, leur éventuelle implication n’a pas été démontrée. Actuellement, 75 dossiers seraient ouverts et un nombre indéterminé de suspects seraient en détention, en attente de leur procès.
Cette affaire est entourée de secret et les enquêtes ont été menées de manière discrète. Les condamnations symboliques visent à rappeler que toute collaboration avec la Russie dans la construction du pont de Crimée est illégale et en violation des sanctions internationales. Cela souligne également l’importance de la préservation de la souveraineté de l’Ukraine et le respect de la légalité internationale dans le contexte du conflit russo-ukrainien.
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