Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a participé au vote pour la réforme constitutionnelle à Bangui le 30 juillet dernier. Accompagné par des hommes en armes de la garde présidentielle, du contingent rwandais de la Minusca et des paramilitaires de Wagner, le chef de l’État a glissé son bulletin dans l’urne du bureau de vote n°1 au lycée Barthélémy Boganda. Il montre ainsi l’exemple et espère que la population se déplacera en masse pour adopter la nouvelle Constitution.
Le taux de participation est l’un des enjeux majeurs de ce scrutin. Le président Touadéra est confiant et estime que le peuple votera en faveur de la nouvelle loi fondamentale, qui lui permettra de se présenter à autant de mandats qu’il le souhaite. Les partisans du « oui » mettent en avant la stabilité du pays comme argument principal pour le développement. Cependant, nombreux sont ceux qui peinent à commenter le contenu détaillé du texte.
Dans les bureaux de vote, les bulletins blancs du « oui » et les bulletins rouge vif du « non » étaient prêts à accueillir les électeurs. Pourtant, ces derniers se sont fait désirer tout au long de la journée, même dans des quartiers réputés favorables au pouvoir en place. Le marché du PK5, quartier musulman considéré comme le poumon économique du pays, était particulièrement désertique. Les habitants, parfois craintifs, refusaient poliment les interviews. Certains craignaient d’être exclus ou considérés comme des étrangers en raison de la mention « est centrafricain d’origine celui dont les parents sont également centrafricains d’origine » dans la nouvelle loi fondamentale. Cette disposition controversée a finalement été retirée, mais le doute et la méfiance persistent chez certains concitoyens.
La participation est l’inconnue principale de ce référendum, car elle déterminera la légitimité de la nouvelle Constitution. L’opposition a choisi de boycotter le scrutin, considérant qu’il s’agissait d’un prétexte pour offrir une présidence à vie au chef de l’État. Marie, par exemple, ne s’est pas rendue aux urnes et demande à ce que son nom de famille reste confidentiel. Dans son quartier de Bangui, Lakouanga, rares sont ceux qui osent se qualifier comme abstentionnistes, même ceux qui n’ont pas de trace d’encre sur les doigts. Certains affirment voter sous pression.
Le dispositif sécuritaire a été renforcé tout au long de la journée. Des policiers et des militaires étaient présents dans chaque bureau de vote, et des pick-up de la garde présidentielle traversaient les rues désertes de la capitale à vive allure. La société paramilitaire russe Wagner, présente dans le pays depuis 2018, a participé à l’organisation du scrutin, bien que sa présence ait été discrète pendant le vote. Alexandre Ivanov, qui représente les mercenaires à Bangui, a salué le bon déroulement du scrutin et une « participation très élevée ».
Les résultats provisoires du référendum seront publiés sous huit jours, et la Cour constitutionnelle proclamera les résultats définitifs le 27 août. À Bangui, personne ne doute que le « oui » l’emportera largement.
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