Dimanche 14 mai, aux alentours de 23 heures, le siège de l’« aller de l’avant » était en ébullition. Et pour cause, le parti Move Forward a créé la surprise en remportant les élections législatives en Thaïlande avec 151 sièges, soit presque le score maximal espéré. Les partisans et la presse se sont pressés dans un petit immeuble qui ne passe pas inaperçu avec ses larges baies vitrées, situé dans l’est de Bangkok. À noter que 75 % des Thaïlandais ont voté pour ces élections.
Lorsque Pita Limjaroenrat, connu sous le nom de « Pita », le candidat du parti pour le poste de premier ministre, est sorti voir ses partisans, les cris de « na-yok ! na-yok ! » (premier ministre) ont envahi les lieux. Cependant, rien ne laissait penser dans le reste de Bangkok que la couleur orange du parti allait occuper la quasi-totalité des sièges de député de la ville et de sa banlieue. Les forces démocratiques, incarnées par le « Move Forward » et le « Pheu Thai » (Pour les Thaïlandais), arrivés en deuxième position avec 141 sièges, ainsi que plusieurs petits partis alliés, rassemblent entre 60 et 65 % des 500 sièges de l’Assemblée législative.
Cependant, la situation est complexe. Le pouvoir en place, issu du putsch militaire de 2014 et soutenu par le palais royal, a la possibilité d’usurper un camp en place sans même avoir été élu. En effet, en 2017, 250 sénateurs ont été nommés par l’ancienne junte militaire et leur mandat n’expire qu’en 2024. Pour élire un premier ministre, il faut donc remporter 376 sièges, Sénat et Assemblée confondus. Les regards se tournent vers le ministre sortant de la santé et artisan de la dépénalisation controversée du cannabis, Anutin Charnvirakul, et ses 70 sièges. Son choix sera décisif quant à savoir quel camp pourra prétendre au poste suprême.
La victoire du parti « Move Forward » n’est donc pas une garantie de sa prise de pouvoir. Les généraux putschistes au pouvoir ont été mis à mal par les électeurs, mais ils ne sont pas encore hors-jeu. Le premier ministre sortant, le général Prayuth Chan-o-cha, arrive en cinquième position du scrutin, tandis que son vice-premier ministre, le général Prawit Wongsuwan, arrive en quatrième position sous les couleurs d’un autre parti.
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