Emmanuel Macron reçoit des cadeaux du chef spirituel du Vanuatu, au cours d’une cérémonie d’accueil à Port-Vila, le 27 juillet 2023. LUDOVIC MARIN / AFP
Pour la première visite d’un président français dans un pays indépendant du Pacifique, Emmanuel Macron a exposé, jeudi 27 juillet au Vanuatu, sa stratégie française pour l’Indo-Pacifique. Cette stratégie, dévoilée en 2018, repose sur deux axes principaux : la défense et la lutte contre le réchauffement climatique, avec pour boussole la souveraineté des peuples et l’indépendance des Etats.
Le président français est arrivé mercredi soir depuis la Nouvelle-Calédonie, un territoire français d’outre-mer, et poursuivra sa tournée jeudi soir et vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ce déplacement au Vanuatu revêt une dimension historique, puisque le dernier président français à s’y rendre était le général de Gaulle en 1966, à une époque où l’archipel était encore un condominium franco-britannique nommé « Nouvelles-Hébrides ».
Emmanuel Macron a souligné la présence française dans le Pacifique, notamment en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, pour montrer en quoi la France peut être une « puissance d’équilibre » dans cette région. Il a également reconnu le passé colonial et les erreurs commises par la France au Vanuatu, parlant d’une « histoire d’accaparement des richesses et d’exploitation des populations », de « souffrance et d’aliénation » ainsi que de « trafic d’êtres humains ». Il a cependant rappelé que la France souhaite désormais être une alternative crédible.
Ce déplacement du président français au Vanuatu coïncide avec celui du ministre de la défense américain, Lloyd Austin, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où ils devaient se croiser sans se rencontrer. Emmanuel Macron a profité de cette occasion pour annoncer l’ouverture d’une ambassade de France aux Samoa. Cette annonce intervient alors que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est rendu aux îles Tonga pour inaugurer la nouvelle ambassade des États-Unis et mettre en garde contre un investissement « prédateur » de Pékin. Le président français a souligné que les ingérences se multiplient en Océanie et que de nouveaux impérialismes menacent la souveraineté des États.
Emmanuel Macron n’a pas mentionné la Chine directement lors de ce discours, contrairement à son avertissement prononcé en Nouvelle-Calédonie. Il avait alors mis en garde les indépendantistes contre le risque d’une base chinoise sur le Caillou, qualifiant une telle décision de « non indépendance ». Dans sa délégation se trouvait le président indépendantiste du Congrès néo-calédonien, Roch Wamytan, qui n’a finalement pas fait le déplacement au Vanuatu.
La France affiche de grandes ambitions dans la région de l’Indo-Pacifique, en tant que seul pays européen riverain de l’Asie-Pacifique. Avec ses sept territoires d’outre-mer et sa zone économique exclusive de 9 millions de kilomètres carrés, la France compte un million six cent mille citoyens dans cette région. Le président français a mis l’accent sur l’environnement lors de sa visite au Vanuatu, seul pays indépendant francophone de la région. Le premier ministre vanuatan, Ishmael Kalsakau, a rappelé l’urgence d’agir contre le changement climatique, déclarant lors de l’Assemblée générale des Nations unies en mars que le monde devait réagir rapidement pour éviter « l’Apocalypse ». Une résolution demandant l’avis de la Cour internationale de Justice sur les obligations climatiques des États avait été adoptée suite à son intervention. Cette initiative a été soutenue par la France dans un texte commun publié lors de la visite d’Emmanuel Macron au Vanuatu, appelé « l’appel d’Ifira ».
Le président français a également évoqué sa propre initiative, le « pacte de Paris pour les peuples et la planète », lancé en juin, qui vise à refonder le système financier mondial pour lutter à la fois contre le réchauffement climatique et contre la pauvreté. Dans cette optique, l’Agence française de développement consacrera 200 millions d’euros sur cinq ans à la région du Pacifique, dont la moitié sous forme de dons et l’autre moitié sous forme de prêts, soit cinq fois plus que les cinq années précédentes.
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