Le 11 janvier 2023, Todd Field a fait sa première à Londres pour son film « Tár ». Il est apparu comme la nouvelle promesse du cinéma américain au début du millénaire avec deux films : In the Bedroom, avec Sissy Spacek (2001, cinq nominations aux Oscars) et Little Children, avec Kate Winslet (2006, trois nominations aux Oscars). Pourtant, après ces deux films, Todd Field a disparu. Inscrit dès lors au panthéon mystérieux des réalisateurs erratiques, il aura mis dix-sept ans pour ressurgir avec Tár.
Todd Field est à Los Angeles, nous sommes à Paris, et sa vraie vie est à Rockland, dans l’Etat du Maine. Pour comprendre son effacement, il faut remonter à dix-sept ans plus tôt, alors qu’il était en tournée pour la sortie de Little Children. Sa femme lui annonce alors être enceinte. « Nous avions déjà trois enfants. Et on avait passé notre jeunesse à courir à droite et à gauche pour tenter de garder les lumières allumées. J’ai pensé que ce serait une bonne idée de rester à la maison pour voir celui-là grandir et avoir une part un peu plus active dans son épanouissement. »
Todd Field a décidé de rester à la maison pour s’occuper de sa famille. Il a alors travaillé dans des publicités ou sur des scénarios pour d’autres. Mais, au début du confinement, les studios Focus lui ont offert une page blanche et lui ont proposé d’écrire un film sans lui imposer de sujet. « Ils m’ont offert une page blanche. C’est très rare. »
Todd Field n’a que 19 ans lorsqu’il débarque à New York pour devenir acteur. A Portland, dans l’Oregon, où il a grandi, il a bénéficié d’une bourse pour étudier la musique, puis, poussé par un professeur, il a décidé de tenter sa chance sur la Côte est. On aura pu le voir dans Radio Days (1987), de Woody Allen, en pianiste dans Eyes Wide Shut (1999), de Stanley Kubrick… Mais c’était toujours, explique-t-il, pour « se rapprocher d’une caméra ». Il a même joué dans un film éducatif intitulé Self Esteem : It’s Up to You ! (« l’estime de soi, c’est votre affaire »).
Après dix-sept ans, Todd Field est de retour avec Tár. Un film qui vient de loin, et qu’il a pensé pendant plus de dix ans. Mais pour pouvoir écrire le scénario, il lui fallait quatre ou cinq mois sans avoir à penser à autre chose ou à travailler pour gagner de l’argent. « J’ai une assez grande famille et pas un si grand compte bancaire », explique le réalisateur.
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