Mardi 17 décembre, après presque deux mois d’attente, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a enfin pris une décision. Elle se conformera aux recommandations concernant les appellations des fonds verts émises par son équivalent européen, qui a été d’accord pour « clarifier certains aspects d’application ». En effet, l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) avait, le 14 mai dernier, rendu public un ensemble de directives destinées à lutter contre le greenwashing des produits d’investissement prétendument écologiques.
Ces nouvelles régulations, qui devront être mises en œuvre d’ici fin mai 2025, stipulent que les fonds étiquetés « transition », « social » ou « gouvernance » doivent allouer au moins 80 % de leur portefeuille à des actifs considérés comme respectueux de l’environnement, sociaux ou durables. De plus, ces fonds devront exclure les investissements liés aux armes controversées et au tabac. Pour les fonds clairement nommés « verts », « environnement » ou « impact », l’exclusion des énergies fossiles est également obligatoire.
Les autorités boursières nationales devaient se prononcer avant le 21 octobre sur leur conformité à ces nouvelles directives. Tandis que ses homologues allemandes et luxembourgeoises se conformaient rapidement, l’Autorité française a laissé passer la date limite tout en demandant des « clarifications ». Cette situation a été perçue comme une innovation dans les procédures. Finalement, l’institution régissant la première place financière d’Europe a reçu les précisions tant attendues le 13 décembre, touchant à trois thèmes délicats.
Le premier point concerne les obligations vertes, des titres de créance supposés financer la transition vers des modèles moins émetteurs de carbone pour leurs émetteurs. Certains gestionnaires redoutaient que les interprétations du texte de l’AEMF puissent entraîner le rejet de certaines obligations émises par des compagnies d’énergie encore fortement carbonées de leurs fonds « durables ». D’après Hortense Bioy, directrice de la recherche chez Morningstar Sustainalytics, « des groupes comme Engie ou RWE figurent parmi les premiers émetteurs européens de ces obligations vertes ». En conclusion, l’AMF a réussi à garantir que les obligations vertes européennes seront acceptées, selon les annonces faites par l’AEMF.
Clarté new-age sur les fonds étiquetés verts
Les nouvelles règles établies par l’AEMF visent à apporter transparence aux investissements soi-disant durables et à protéger les investisseurs contre le greenwashing. Cette initiative permettra de s’assurer que les fonds répondent réellement à des critères écologiques.
En effet, l’appellation de chaque fonds doit correspondre à la réalité des investissements, renforçant ainsi la confiance des investisseurs et des consommateurs dans les produits financiers.
Rendre accessible ces impératifs peut également stimuler l’adoption de pratiques réellement durables parmi les entreprises. En exigeant un minimum d’investissements dans des actifs durables, l’autorité espère inciter les acteurs du marché à réorienter leurs stratégies vers des solutions plus respectueuses de l’environnement.
Le défi du greenwashing
Pour beaucoup d’investisseurs, connaître la provenance de leur argent est primordial. Les politiques de lutte contre le greenwashing visent ainsi à clarifier l’introduction des fonds sur le marché financier. Cela permet aux investisseurs de faire des choix éclairés basés sur des critères réels, au lieu de slogans attrayants mais trompeurs.
Les bénéfices des bonnes pratiques environnementales sont largement reconnus, allant au-delà du simple bien-être de la planète. Investir dans des solutions durables signifie souvent soutenir des entreprises instaurant une gouvernance solide et des pratiques commerciales équitables.
L’impact sur le marché financier
Les nouvelles réglementations pourraient avoir des répercussions significatives sur le paysage des investissements. En établissant des standards clairs, l’AMF encourage les gestionnaires d’actifs à rechercher des opportunités réellement durables. (Les fonds étiquetés comme verts devraient se concentrer sur les projets qui répondent aux critères définis par les autorités, d’où un changement dans la manière dont les entreprises abordent l’investissement durable.)
La stricte surveillance des actifs permettra aussi de doper la confiance des investisseurs. Si les réticences liées au greenwashing s’estompent, cela suscitera une explosion des investissements dans le secteur durable, véritablement vert.
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