Le rapport de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale souligne enfin que si le niveau des stocks est très bas, il n’est pas le seul à l’être. Dans un contexte de « rareté des munitions », la France se trouve dans une situation comparable à celle de ses alliés européens, voire de ses adversaires. Ainsi, en juin 2022, des soldats ukrainiens ont pu utiliser un canon Caesar fourni par la France pour repousser l’avancée des troupes russes.
La guerre en Ukraine a mis en lumière l’alarme que lancent depuis plusieurs années les députés de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale : l’armée française ne dispose plus de suffisamment de munitions pour soutenir un engagement de haute intensité. Alors que la fin de la guerre froide a entraîné une réduction des arsenaux français, six dépôts de munitions sur vingt ont été fermés sur le territoire national depuis 2011. Les stocks sont désormais au plus bas et ne permettraient pas de tenir au-delà de quelques semaines en cas de conflit « dur », selon la direction du renseignement militaire.
Cette diminution des stocks a de lourdes conséquences sur les performances des troupes. Le tir des munitions complexes est devenu rare à l’entraînement, et les armées utilisent des munitions d’entraînement et des simulateurs pour maintenir leurs capacités. Cependant, ces derniers ne permettent pas de « reproduire la complexité de l’environnement ». Le rapport de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale souligne que cette rareté des munitions est similaire chez les alliés européens et même chez certains adversaires. Ainsi, en juin 2022, des soldats ukrainiens ont pu utiliser un canon Caesar fourni par la France pour repousser l’avancée des troupes russes.
Cette rareté des munitions est imputable à la complexité technologique croissante de certaines munitions, notamment celles propulsées, comme les missiles et les torpilles. Cette sophistication renchérit le coût des projectiles et donc diminue le volume de leurs commandes. Selon Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Institut français des relations internationales, les cibles programmatiques ont fléchi de 40 % depuis 2003, alors que la menace n’a cessé d’augmenter.
La rareté des munitions est une préoccupation majeure pour l’armée française, qui n’a pas les moyens de s’adapter à des environnements complexes et ne peut pas se permettre de s’épuiser face à ses adversaires. La France doit donc trouver des solutions pour renforcer ses stocks et ses capacités militaires afin de pouvoir tenir tête à ses ennemis.
Mots-Clés: Ukraine, Russie, Vincent Bru, Julien Rancoule, Léo Péria-Peigné, Guerre Froide, Canon Caesar, Munitions, Armée Française.