Lors de la manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 19 janvier 2023, le pouvoir exécutif a été confronté à un malaise grandissant. Malgré le soulagement initial qui avait suivi la présentation de son projet de réforme, le 10 janvier, plus d’un million de personnes s’étaient rassemblées pour manifester leur mécontentement. Le doute s’est alors installé au sein du gouvernement : leur chantier-phare du second quinquennat, dont l’examen en commission à l’Assemblée nationale débute lundi 30 janvier, allait-il glisser dans le décor ?
Le pouvoir exécutif n’a pas réussi à convaincre les Français. La base sociale sur laquelle il s’appuyait s’est érodée et l’opinion s’est crispée en l’espace de quinze jours. Les inquiétudes se sont même répandues dans sa propre majorité. Un sondage réalisé par l’institut Elabe a révélé que le rejet du projet gouvernemental avait bondi de 10 points en une semaine, et que trois quarts des Français le jugeaient injuste.
Les retraités, seule catégorie qui soutenait la réforme, s’y disent désormais majoritairement opposés. Cela peut s’expliquer par un retour de solidarité avec leurs enfants et petits-enfants, et une peur du désordre imputé à l’exécutif. Les ministres et conseillers interrogés par Le Monde sont inquiets de cet indice.
Le gouvernement redoute également de perdre la base parlementaire qui constituait son principal atout. Une alliance avec la droite Les Républicains (LR) était promue début janvier, mais une quinzaine de voix s’est déjà dit contre le projet, et un vent de fronde traverse la majorité. Le vote à l’Assemblée nationale pourrait se jouer à une poignée de voix, mettant en péril le report de l’âge légal à 64 ans en 2030.
Mots-Clés: Agnès Dherbeys, Le Monde, Elisabeth Borne, Bruno Le Maire, Emmanuel Macron, Eric Ciotti, Olivier Marleix, LR, Elabe, Paris, France.