jeudi 21 novembre 2024
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Troubles dépressifs : un jeune sur cinq touché

Alors que la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19 se poursuit depuis trois ans, les effets sur la santé mentale de la population sont sans précédent. Selon le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié mardi 14 février par Santé publique France (SPF), 13,3 % des personnes âgées de 18 à 75 ans ont connu un épisode dépressif au cours de l’année 2021, une hausse de 36 % par rapport à 2017. La hausse est majeure chez les jeunes adultes (18-24 ans), avec 20,8 % de cette tranche d’âge touchée en 2021, contre 11,7 % quatre ans auparavant, soit une hausse spectaculaire de près de 80 %. Les jeunes femmes sont plus concernées (26,5 %) que les jeunes hommes (15,2 %).

Ces chiffres sont issus du baromètre de Santé publique France, qui a interrogé 24 514 personnes âgées de 18 à 85 ans par téléphone et en ligne, selon un sondage aléatoire qui évalue régulièrement l’état de santé psychique de la population depuis 2005. Pour mesurer la dépression, l’agence sanitaire utilise le questionnaire Composite International Diagnostic Interview, développé par l’Organisation mondiale de la santé, qui définit un épisode dépressif caractérisé par une tristesse ou une perte d’intérêt pendant au moins deux semaines consécutives, et par au moins trois symptômes dits « secondaires » (fatigue, perte ou prise de poids, problème de sommeil, de concentration, idées de mort…), avec un retentissement sur la vie quotidienne.

Selon Christophe Léon, chargé des enquêtes dans l’unité santé mentale de SPF et coauteur de l’étude, « on s’attendait à cette hausse, mais pas à un tel niveau, notamment chez les jeunes ». Les auteurs de l’étude estiment que cette forte prévalence dans la tranche d’âge 18-24 ans, une période-clé, est « en partie liée à des situations de vie – situations professionnelle, familiale et financière – rendues sans doute plus précaires dans le contexte de crise sanitaire ». Enguerrand du Roscoät, responsable de l’unité santé mentale à SPF et coauteur de l’étude, décrypte : « l’isolement social généré par les confinements, les incertitudes quant aux études et à l’avenir, la précarité mise en lumière lors de la pandémie, et probablement le contexte actuel très anxiogène – crise climatique, guerre, situation économique –, ont pesé fortement sur les plus jeunes ». Avoir des antécédents de troubles mentaux est aussi un facteur de risque.

Il est donc primordial que le gouvernement et les autorités sanitaires prennent en compte ce phénomène dans leur plan de lutte contre la pandémie de Covid-19. Les jeunes adultes, en particulier, doivent être soutenus et encouragés à parler de leurs problèmes et à rechercher des solutions, avec le soutien des professionnels de santé et des organismes d’aide.

Mots-Clés: Covid-19, Dépression, Santé publique France, Christophe Léon, Enguerrand du Roscoät, Composite International Diagnostic Interview, Jeunes Adultes, Précarité.

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