Pedro Sanchez prend un risque énorme en annonçant la dissolution du Parlement et la tenue d’élections législatives anticipées. Les résultats des élections municipales et régionales du lendemain ont été désastreux pour le Parti socialiste ouvrier espagnol, balayé dans de nombreuses assemblées locales par le Parti populaire (PP, droite). Ces élections ont vu le Parti populaire absorber la quasi-totalité des voix du parti libéral Ciudadanos, qui disparaît, et récupérer une grande partie du centre politique. Malgré les efforts du président du gouvernement espagnol pour transformer cette campagne en une sorte de plébiscite pour ou contre sa gestion, le message dans les urnes est clair : le PP a progressé de près de deux millions de voix par rapport à 2019, et en obtient 800 000 de plus que le Parti socialiste (PSOE). Avec 31 % (+8,88 points) des suffrages, il cède d’importants bastions, comme l’Estrémadure et l’Aragon, ainsi que la région de Valence, les Baléares et la Rioja, et onze des vingt-deux capitales de province qu’il gouvernait. Le PSOE, quant à lui, a perdu 400 000 électeurs avec 28 % des voix (-1,27 point).
Cette décision a été prise dans un contexte politique instable et tendu, alors que Pedro Sanchez se trouvait en pleine présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne. Bien que les élections municipales et régionales avaient une portée locale, le sens du vote porte un message qui va plus loin. Le président du gouvernement espagnol a donc déclaré lors d’une très brève allocution que « comme président du gouvernement et secrétaire général du Parti socialiste, j’assume personnellement les résultats ».
Le recul des partis de la gauche radicale, plus que le score du Parti socialiste, empêche de reconduire les alliances au pouvoir dans la Communauté autonome de Valence ou aux Baléares. Le parti de la gauche radicale Podemos, avec qui le PSOE gouverne en coalition, n’a obtenu que 3,2 % des voix et perdu toute représentation dans les parlements régionaux de Madrid ou de Valence, voyant partout sa représentation réduite comme peau de chagrin.
Pedro Sanchez prend donc un risque politique important en convoquant des élections législatives anticipées. Une décision qui ne fait pas l’unanimité et qui risque de précipiter l’Espagne dans une période d’instabilité politique. Néanmoins, cette décision pourrait être une occasion pour le Parti socialiste de renforcer sa position, en repensant sa stratégie et en proposant des solutions aux problèmes auxquels l’Espagne est confrontée.
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