Les élections primaires en Argentine : un enjeu incertain pour la succession d’Alberto Fernandez
Les élections primaires en Argentine se sont déroulées le dimanche 13 août, visant à sélectionner les candidats pour la présidentielle d’octobre. Le pays, confronté à une inflation galopante et à une désillusion de son peuple envers les politiques en place, fait face à un scrutin à l’issue incertaine pour la succession d’Alberto Fernandez, classé au centre-gauche et qui ne se représentera pas. Plus de 35 millions d’électeurs ont été appelés à présélectionner les partis et candidats qui participeront à la présidentielle. Les premiers résultats sont attendus aux alentours de 3 heures du matin, heure de Paris.
L’Argentine, troisième économie d’Amérique latine, est un pays avec un immense potentiel agricole et de matières premières. Cependant, il souffre depuis douze ans d’une inflation à deux chiffres (+115% sur un an), d’un endettement massif auprès du Fonds monétaire international (FMI) et d’un taux de pauvreté de 40%. Vingt-deux tickets « président et vice-président » se disputent la charge suprême, mais seuls une demi-douzaine restera en lice pour le scrutin d’octobre.
Dans le camp gouvernemental de centre-gauche, Sergio Massa, ministre de l’économie âgé de 51 ans, sera assuré d’emporter la primaire, malgré une candidature mineure sur sa gauche. Le centriste Massa a réussi à rallier le camp péroniste et à garder l’oreille du FMI. Cependant, sa gestion d’une économie en soins intensifs depuis un an joue contre lui. Dans l’opposition de droite, une vraie primaire opposera le maire de Buenos Aires depuis 2015, Horacio Larreta, 57 ans, à une ancienne ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, 67 ans, qui promet des méthodes « chocs » tant en économie qu’en sécurité.
Les primaires ouvertes, simultanées et obligatoires (PASO) permettent de donner une tendance et de mesurer l’état des forces en présence. Elles peuvent préfigurer l’issue de l’élection présidentielle, comme cela a été le cas en 2019 avec Alberto Fernandez. Cependant, beaucoup de choses peuvent encore se passer en deux mois de campagne. Ces primaires marquent néanmoins une rupture, avec l’absence de deux grandes figures politiques argentines : Cristina Kirchner, ex-cheffe de l’Etat, et Mauricio Macri, le président libéral qui lui avait succédé en 2015.
Il reste à voir si cette absence annoncera un répit dans la polarisation aiguë de la politique argentine ou si elle traduira une désillusion générale après deux présidences très contrastées, l’une libérale et l’autre interventionniste, qui ont toutes deux déçu. Néanmoins, le taux d’abstention s’annonce élevé, démontrant un désenchantement croissant de l’électorat argentin. Un « troisième homme », l’économiste ultralibéral-libertaire Javier Milei, pourrait cependant tirer son épingle du jeu grâce à son discours enflammé contre la « caste » politique.
En parallèle de l’élection présidentielle, les Argentins ont également voté pour présélectionner des candidats à la Chambre des députés et au Sénat, dont une partie sera renouvelée lors du scrutin d’octobre.
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