Au Liban, le siège de la direction générale des finances se trouve dans un immeuble bien connu des habitants de Beyrouth, l’« immeuble de la TVA ». Mais ce bâtiment, qui abrite notamment le service des impôts, est aujourd’hui en proie à de nombreux problèmes. Les fonctionnaires sont en grève, ne travaillant plus que six heures le mercredi. En dehors de cette journée, le bâtiment est fermé au public, à l’exception de quelques directeurs et de leurs collaborateurs. Les ascenseurs ne fonctionnent que le mercredi, de même que l’électricité. « Coupures, plantages informatiques, manque de matériel… Il n’y a même plus d’eau dans les toilettes ! », explique Iskandar Hallak, directeur du Trésor. Le ministère des finances, qui paie le prix du retard dans sa transition numérique, ne fonctionne plus qu’avec 10 % de ses ressources d’avant 2019, date du début de la crise financière au Liban. Les dysfonctionnements sont de plus en plus nombreux, avec des pénuries de timbres fiscaux qui ont créé un marché noir dans la rue. Les fonctionnaires démotivés par la chute drastique de leurs salaires en livre libanaise sont tentés de prendre un second emploi. L’ensemble des recettes fiscales a été divisé par deux entre 2019 et 2021, en raison d’un taux de change inadapté à la réalité du marché et d’un taux d’évasion fiscale en hausse. Les douanes sont les seuls à encore générer des rentrées significatives, tandis que la petite corruption risque de se multiplier face à une administration qui ne fonctionne plus.
Mots-clés: Liban, finances, crise, fonctionnaires.