vendredi 18 octobre 2024
AccueilInternationalKazakhstan : un référendum pour plonger dans l'atome ?

Kazakhstan : un référendum pour plonger dans l’atome ?

Le Kazakhtsan a récemment pris une décision marquante en matière énergétique, à travers un référendum qui a vu 71,12 % des votants se prononcer pour la construction d’une centrale nucléaire. Ce vote, organisé le 6 octobre, survient dans un contexte de pénuries énergétiques croissantes et de préoccupations concernant l’environnement. L’emplacement prévu pour cette infrastructure est sur les rives du lac Balkhash, une décision qui suscite à la fois espoirs et inquiétudes parmi les citoyens.

Ce référendum a été animé par une intense campagne orchestrée par le parti présidentiel Amanat, ex-Nur Otan, ce qui a contribué à un taux de participation de 63,66 %. La question posée était claire : « Êtes-vous d’accord avec la construction d’une centrale nucléaire au Kazakhstan ? » Dans un climat où la liberté d’expression est souvent restreinte, l’adoption du projet nucléaire ne faisait que peu de doutes, surtout face à un gouvernement cherchant à contrôler les voix contestataires.

Les enjeux énergétiques du Kazakhstan

Le pays, qui souffre régulièrement de coupures d’électricité, surtout en hiver du fait de vieilles infrastructures soviétiques, voit dans l’énergie nucléaire une solution à ses problématiques. « Le sud du pays connaît des pénuries d’électricité significatives », souligne l’ingénieur Jakyp Khairushev. La création de cette centrale, d’une capacité de 1 200 à 1 400 mégawatts, devrait permettre de stabiliser l’approvisionnement énergétique et de diminuer la dépendance aux centrales à charbon, sources de pollution majeures. Avec 70 % de son électricité provenant de ce type de centrales, le Kazakhstan est en quête d’un mix énergétique plus respectueux de l’environnement.

Progrès ou menace ?

Il est cependant crucial d’aborder les craintes qui émergent face à cette avancée. Les souvenirs des catastrophes nucléaires de Tchernobyl et Fukushima hantent encore les esprits, notamment chez les plus âgés. Lioudmila, une retraitée, exprime ses appréhensions : « Ma génération se souvient des drames de Tchernobyl et de Fukushima ». Le Kazakhstan, ayant été le site de 450 essais nucléaires durant la période soviétique, reste particulièrement sensible aux dangers liés à l’atome. Les effets de ces essais demeurent palpables, avec des cas élevés de cancers et de malformations congénitales dans les zones touchées par les radiations.

Une prise de risque calculée

Pour certains, cependant, la nécessité d’améliorer la sécurité énergétique prime sur les craintes. Le pays dispose d’importantes réserves d’uranium, représentant près de 40 % de la production mondiale. Les projets nucléaires sont envisagés pour compenser la demande croissante en électricité. « Une centrale nucléaire apportera une stabilisation, bien que trois centrales soient idéales pour le Kazakhstan », déclare Jakyp Khairushev. De plus, l’objectif est de voir 12 % de l’énergie produite par nucléaire d’ici 2035, limitant ainsi l’impact environnemental des centrales au charbon.

Un débat en cours autour de la localisation

Pourtant, l’endroit choisi pour la nouvelle centrale, la côte ouest du lac Balkhash, soulève des problèmes d’impact environnemental. Jomart Joumanov, un agronome d’Almaty, exprime ses craintes : « Je ne veux pas qu’elle soit construite sur le lac Balkhash, les vents vont amener des particules toxiques ici, c’est dangereux ! » La pression croissante pour répondre aux besoins énergétiques du pays pourrait se heurter à la nécessité de protéger l’environnement et la santé des populations locales.

Les opinions divergent parmi la population kazakhe. Tandis que certains voient dans le nucléaire un avenir promis, d’autres souhaitent une réflexion plus poussée, tenant compte des leçons du passé. Le chemin vers une énergie plus stable et durable est semé d’embûches, et il faudra des discussions ouvertes et transparentes pour garantir que les préoccupations de tous soient entendues. À l’heure où le Kazakhstan s’engage dans cette voie, la gestion des risques associés à la technologie nucléaire sera cruciale pour l’avenir du pays.

Mots-clés: Kazakhstan, référendum, centrale nucléaire, énergie, lac Balkhash, pollution, enjeux environnementaux, Tchernobyl, uranium.

articles similaires
aujourd'hui
POPULAIRE