Le général Mahamat Idriss Déby Itno se rend en Russie
Le chef de la junte militaire et président de transition au Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a quitté mardi 23 janvier N’Djamena pour une visite officielle en Russie «à l’invitation» de son homologue Vladimir Poutine, ont annoncé les deux pays. La présidence tchadienne a confirmé cette visite et une rencontre prévue mercredi entre les deux hommes pour discuter des perspectives de développement des relations russo-tchadiennes dans différents domaines, ainsi que de sujets régionaux et internationaux d’actualité.
Il est important de noter que la France était depuis 2013 et jusqu’alors, notamment avec son opération «Barkhane» qui a pris fin en 2022, le pilier d’une coalition militaire comprenant ces trois pays et le Tchad en guerre contre les djihadistes notamment dans la région des trois frontières aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Cependant, chacun de ces trois pays s’est rapproché de la Russie, notamment sur le plan militaire, après le retrait contraint et forcé des militaires français dans ces pays.
La visite du général Mahamat Idriss Déby Itno en Russie est donc à la fois un signe des nouveaux équilibres géopolitiques qui se dessinent au Sahel et un signal fort à l’adresse de la France, qui perd peu à peu son influence dans la région. En effet, la Russie, par l’intermédiaire de mercenaires de la société privée Wagner, est de plus en plus présente et influente en Centrafrique, en Libye, et au Soudan, trois pays frontaliers du Tchad.
La transition de Mahamat Déby remise en question
Mahamat Déby a été proclamé chef de l’Etat par l’armée, à la tête d’une junte de quinze généraux, le 20 avril 2021 à la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en se rendant au front après avoir dirigé le Tchad d’une main de fer trente années durant. Le jeune général alors âgé de 37 ans, dont l’armée est considérée comme le pilier de la guerre contre les djihadistes dans la région, avait été immédiatement adoubé par la communauté internationale, Paris en tête, après avoir promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections au terme d’une «transition» de dix-huit mois. Dix-huit mois plus tard, il avait repoussé cette échéance de deux ans.
Ce nouveau report remet en question la volonté affichée par Mahamat Déby de rétablir la démocratie au Tchad, et de nombreux observateurs craignent que la situation politique et sécuritaire du pays ne se dégrade davantage. En effet, la stabilité du Tchad est un enjeu majeur pour la région du Sahel, en proie à l’insécurité et à la menace terroriste.
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