La Dépakine, un scandale sanitaire aux échos encore inconnus ?
Dans les ruelles sinueuses de la butte Montmartre à Paris, où les feuilles d’automne commençaient à témoigner de l’arrivée du froid, c’est une toute autre tempête, invisible et insidieuse, qui résonnait dans l’esprit des habitués d’un restaurant local, le 15 octobre 2023. Les discussions s’entremêlent et se focalisent autour d’un scandale sanitaire qui pourrait s’étendre au-delà des prévisions initiales.
À des centaines de kilomètres au sud-ouest, dans une exploitation de noyers à Vinay, c’est une agitation semblable qui préoccupait les agriculteurs un certain 30 septembre 2011. Aujourd’hui, ces mêmes terres fertiles pourraient aussi être le témoin des répercussions d’un fléau industriel.
En effet, il apparaît que les effets délétères de la Dépakine, un médicament anticonvulsivant produit par le géant pharmaceutique Sanofi, pourraient s’étendre au-delà des usages médicamenteux directs. À Mourenx, sur le bassin chimique de Lacq, les populations avoisinantes de l’usine éponyme, classée Seveso seuil haut, sont au cœur d’une inquiétude grandissante. Sanofi, dont l’usine fut immortalisée par la photographie prise le 16 octobre 2018, a été au centre d’un véritable tourbillon médiatique suite aux révélations concernant ses émissions de substances potentiellement dangereuses dans l’environnement.
L’inquiétude a joué le rôle du réveil pour Mélanie S. (préférant rester anonyme), mère de deux enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux. Elle n’a jamais ingéré de Dépakine, mais œuvre depuis 2011 dans un bureau jouxtant presque la cheminée de Sanofi. Le diagnostic d’autisme posé sur sa fille récemment, après celui de son fils quelques années auparavant, l’a encouragée à aspirer à la clarté face à cette situation nébuleuse.
La plainte récemment déposée pour mise en danger d’autrui auprès du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris catalyse l’espoir de cette ingénieure de lumière sur la corrélation potentielle entre son exposition professionnelle et les pathologies de ses enfants. Comme le disait si bien Mélanie, « Mon espoir est que la justice se saisisse de cette plainte pour répondre à mes questions et enquêter au-delà de mon cas sur ce qui pourrait potentiellement être un scandale sanitaire.»
Le Monde, dans son rôle de gardien d’une information fiable et pertinente, a interrogé Sanofi qui se retrouve pour l’instant sans connaissance de la procédure engagée. Cependant, il est désormais public que le site a, dans le passé, rejeté d’importantes quantités de bromopropane et n’avait pas l’agrément pour émettre du valproate de sodium dans l’air. D’après le rapport éclairant de l’Ineris datant de 2018, entre 13 et 20 tonnes de cette substance ont été expulsées annuellement jusque-là.
Perspectives et enjeux face à cette crise sanitaire potentielle
Les questionnements soulevés dans cette affaire dépassent largement les frontières d’une simple entreprise ou d’une région. Il s’agit d’un défi de santé publique dont les résonances pourraient ébranler la confiance des citoyens à l’égard de l’industrie pharmaceutique, déjà mise à rude épreuve par divers scandales historiques.
Se projeter au-delà des histoires personnelles et envisager les implications à plus grande échelle devient crucial. Les autorités sanitaires sont aujourd’hui devant le devoir de garantir la transparence et de prendre les mesures adéquates pour protéger la population contre toute forme de négligence industrielle.
En définitive, la population française et mondiale observe avec attention, espérant que les leçons du passé serviront à prévenir les erreurs futures, et ainsi sauvegarder l’intégrité de la santé publique.