L’apprentissage, un pilier de l’emploi en France
Dans un contexte économique difficile marqué par des crises multiples (sanitaire, énergétique et inflationniste), le marché du travail en France a résisté de manière étonnante. Pour comprendre cette résilience, il est important de se pencher sur les chiffres de l’apprentissage. Entre 2019 et 2022, un emploi sur trois créé (400 000 postes sur 1,2 million) était un emploi d’apprenti, a indiqué l’économiste Bruno Coquet dans une note publiée en mars dernier. Cette proportion est même montée à trois sur quatre lors du dernier trimestre de 2022, portant le nombre d’apprentis en France à 980 000, soit plus du double qu’en 2018.
Selon Bruno Coquet, le soutien apporté au développement de l’alternance, et en particulier de l’apprentissage, est le moteur le plus puissant des entrées en emplois aidés ces dernières années. Cette politique a également contribué à la baisse du chômage, tombé à 7,2% de la population active fin 2022. Néanmoins, cette augmentation du nombre d’apprentis a été rendue possible grâce à des aides importantes de l’Etat.
Le véritable boom de l’apprentissage en France ne date pas de la réforme de 2018, qui avait élargi le dispositif, allégé les procédures et libéralisé l’offre de formation, mais de juillet 2020. Dans le cadre du plan de relance post-Covid, l’Etat a accordé une aide exceptionnelle à tous les jeunes entrant en apprentissage. Cette aide a remplacé celle prévue dans la réforme de 2018, qui était réservée aux jeunes les plus éloignés du marché du travail. Cette mesure a coûté environ 4 milliards d’euros en 2021 et près de 5 milliards en 2022. Un montant qui peut paraître élevé alors que le marché de l’emploi se tient bien, ce qui a provoqué quelques dévoiements, notamment des embauches de main-d’œuvre peu coûteuse.
Cependant, selon Yves Jauneau, responsable de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), cet effet de substitution n’est pas complet, car le taux d’emploi hors alternance chez les jeunes augmente également. Pour 2023, l’Etat a réduit l’aide exceptionnelle à 6 000 euros pour tous, quels que soient l’âge ou le niveau d’études, et elle n’est versée que pour la première année de contrat au lieu des trois ans prévus.
En conclusion, l’apprentissage est devenu un pilier de l’emploi en France, grâce à des aides de l’Etat importantes. Bien que ces aides aient contribué à la baisse du chômage et à l’augmentation du nombre d’apprentis, elles ont également été source de dévoiements, avec des embauches de main-d’œuvre peu coûteuse.
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