La situation économique actuelle est source de préoccupation pour de nombreuses entreprises en France. En effet, la baisse de la consommation, le resserrement du crédit et le tassement de l’activité dans certains secteurs, tels que la construction, ont conduit à une augmentation significative des faillites d’entreprises. Selon les chiffres compilés par le cabinet Altares, spécialisé dans les données sur les entreprises, le deuxième trimestre 2023 a enregistré un nombre de défaillances s’élevant à 13 266, le plus élevé depuis 2016.
Il est important de souligner que le nombre de faillites avait diminué de manière significative depuis 2020 grâce aux mesures de soutien mises en place par l’État pendant la pandémie de Covid-19. Cependant, il semble désormais retrouver des niveaux similaires à ceux d’avant la crise. Selon Altares, si l’on considère une période de douze mois, le nombre de procédures pourrait atteindre les 50 000, soit le niveau moyen des faillites enregistrées entre 2000 et 2019.
La Banque de France observe également cette tendance à la hausse des faillites. À la fin du mois de juin, elle recensait 48 673 ouvertures de procédures judiciaires, un chiffre en augmentation depuis six trimestres consécutifs. Cependant, il est important de noter que nous sommes encore loin des chiffres records atteints lors de la crise financière de 2009, où pas moins de 65 000 entreprises françaises avaient fait défaut.
Une caractéristique notable de cette « normalisation » du niveau des faillites est la proportion croissante de PME et d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui sont touchées. Cela se traduit par un impact plus important sur l’emploi. Au deuxième trimestre 2023, le nombre de défaillances a augmenté de 33% parmi les PME par rapport à 2022, et de 55% parmi les très petites entreprises (TPE) et les ETI. En conséquence, environ 55 700 emplois sont actuellement menacés par une procédure de faillite, un chiffre qui n’avait pas été aussi élevé depuis 2014 selon Altares.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que certaines faillites ont des conséquences considérables sur l’emploi. Par exemple, la faillite de Getir entraîne le licenciement de 1 708 personnes, celle de Courtepaille 1 620 personnes, celle de Place du Marché (ex-Toupargel) 1 417 personnes et celle de San Marina, un magasin de chaussures à Lille, 680 personnes. De plus, il convient de prendre en compte les effets en cascade de ces faillites. En effet, selon Thierry Millon, directeur des études chez Altares, la tension qui touche les PME risque de se traduire également par des faillites chez les sous-traitants, en particulier dans le secteur de la construction.
Il est intéressant de noter que malgré cette augmentation des faillites, l’impact sur le taux de chômage devrait être limité à court terme. L’Observatoire français des conjonctures économiques prévoit une légère augmentation de celui-ci à 7,4% d’ici la fin de l’année 2023, contre 7,1% aujourd’hui. La Banque de France envisage également une hausse du taux de chômage, mais pas avant 2024, en raison du ralentissement de l’activité économique.
En conclusion, la situation économique actuelle en France se traduit par une augmentation significative des faillites d’entreprises. Si cette tendance se confirme, le pays pourrait retrouver des chiffres similaires à ceux observés avant la pandémie. Les conséquences sur l’emploi sont déjà visibles, avec des milliers de personnes licenciées suite à la faillite de leurs entreprises. Il est donc crucial de mettre en place des mesures de soutien et d’accompagnement pour les entreprises en difficulté afin de préserver l’emploi et stimuler la relance économique.
Mots-clés: faillites d’entreprises, économie, crise économique, emploi, PME, ETI, taux de chômage, soutien aux entreprises. LEROY GUY, Courtepaille, Getir, Place du Marché, San Marina, Lille, 19 avril 2023.