La Française Kadidiatou Diani au duel avec la Jamaïcaine Tiernny Wiltshire à Sydney, le 23 juillet 2023. RICK RYCROFT / AP
Les Jamaïcaines célèbrent leur match nul après le match contre la France, le 23 juillet 2023 à Sydney. SOPHIE RALPH / AP
Contre la Jamaïque, plus connue pour son réservoir de sprinteuses, les Françaises ont été sanctionnées d’un faux départ en ouverture de la Coupe du monde de football. Dimanche au Sydney football Stadium, les Bleues ont été neutralisées (0-0) par une équipe qui n’avait jamais pris un point dans l’histoire de la compétition ; elle avait été battue trois fois en 2019 pour sa première participation. Après la rencontre, les Jamaïcaines ont célébré ce match nul comme une victoire sur la pelouse australienne.
Frustrées et forcément déçues, les joueuses tricolores sont rentrées rapidement au vestiaire, beaucoup sans même s’arrêter devant les journalistes en zone mixte. Depuis 2011, l’équipe de France avait pris la bonne habitude de remporter sa première rencontre de Coupe du monde, à l’image des trois dernières éditions. Ce couac face la 43 e nation au classement FIFA met fin à la série.
Droit dans sa chemise blanche cintrée, le sélectionneur Hervé Renard assène son message : « Le football se resserre. Il faut garder le cap, j’ai entière confiance en cette équipe. Vous pouvez compter sur nous, ne vous inquiétez pas. » Celui qui dispute sa troisième Coupe du monde – la deuxième en six mois après celle au Qatar – , compte s’appuyer sur son expérience : « J’ai déjà démarré une compétition que j’ai gagnée avec deux matchs nuls [la CAN 2015 à la tête de la Côte d’Ivoire]. Je ne vais pas vous rappeler la Coupe du monde 2022 [son équipe saoudienne a battu d’entrée le futur champion du monde argentin]. Il ne faut pas tirer des enseignements trop hâtifs. Les équipes qui démarrent en fanfare ne vont pas toujours au bout. »
Toujours est-il que la prestation des Bleues n’a pas été de nature à rassurer les observateurs. Au terme d’une première période très compliquée, le jugement était même plus sévère. « On s’est fait rentrer dedans. La première mi-temps a été difficile », reconnaît Hervé Renard. Bousculées par d’athlétiques et vaillantes Jamaïcaines, les coéquipières de la capitaine Wendie Renard ont souffert.
Nouvelle recordwoman française de matchs en Coupe du monde Mondial (17, sur quatre participations), l’attaquante Eugénie Le Sommer admet les manques : « On ne s’est pas créé assez d’occasions en première période. On aurait pu faire mieux ce soir. » Une analyse que partage Clara Mateo, alignée sur le côté droit du milieu de terrain : « Je pense qu’il y avait de la place pour gagner. On est déçues. Il faut mieux combiner pour déséquilibrer les blocs adverses en place et faire preuve de plus de justesse technique. »
C’est pourtant l’équipe de France qui s’est procuré l’immense majorité des occasions de but, ne laissant qu’un coup franc surpuissant à l’avant-centre vedette Khadija Shaw, magnifiquement détourné par la gardienne Pauline Peyraud-Magnin (41 e ). La Française Kadidiatou Diani a été dangereuse à plusieurs reprises, doublement malchanceuse sur un tir dévié qui frôle le poteau adverse dans les arrêts de jeu de la première période et sur une tête qui heurte la barre puis le poteau à la dernière minute du temps réglementaire. « Les occasions, il fallait les concrétiser. On n’a pas assez provoqué cette réussite », regrette Hervé Renard. Le sélectionneur est rejoint par ses joueuses, Clara Mateo en tête : « Les actions de but que l’on aura, il faudra les mettre au fond. Il faut que l’on fasse preuve d’encore plus d’agressivité et de réalisme. »
Eugénie Le Sommer s’y connaît en matière de buts, elle est la meilleure buteuse de l’histoire des Bleues : « Kadi (Diani) a obtenu des occasions. C’est de bon augure. » Imperturbable malgré cette entrée en matière ratée, le sélectionneur tente de transmettre sa confiance à ses joueuses et à l’environnement extérieur : « Elles ont montré des capacités de réaction et de combativité qui vont nous servir pour la suite. J’ai confiance en elles, je vais vous le répéter, je fonctionne comme ça. »
En bonne élève, Le Sommer a retenu la leçon : « Ce n’est pas parce que l’on a fait nul aujourd’hui qu’il faut tout jeter. Cela ne remet rien en question, rappelle-t-elle. On est toujours en vie, on peut toujours être premières. Pas de panique. » Le professeur Hervé Renard conclut en dévoilant une partie de sa méthode aux journalistes : « Vous tirez des conclusions sur un match. C’est normal. C’est votre rôle. Moi, je regarde le côté positif, j’ai un groupe à faire avancer. On se retrouvera dans quelques semaines. »
Dès le 29 juillet contre le Brésil à Brisbane, rival annoncé du groupe F, on pourra deviner si la stratégie du sélectionneur relève d’une méthode gagnante ou plutôt d’une méthode Coué.
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