L’ancien magistrat d’Ajaccio, Jacques Dallest, avait pour habitude de déclarer que dans la région corse, « le pire est toujours certain ». Le mercredi 3 avril, une juge, Hélène Gerhards, a été placée en garde à vue dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte le 25 janvier 2021 par le parquet de Nice afin de faire la lumière sur ses liens avec le milieu corse. Cette information a été divulguée par l’AFP et le site d’investigation Médiapart.
Ayant exercé en tant que juge d’instruction en Corse de 2010 à 2016, puis en tant que vice-procureure à Toulouse avant de rejoindre, en 2021, la cour d’appel d’Agen, son nom s’est retrouvé impliqué dans des investigations menées par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille sur le groupe mafieux ajaccien du Petit Bar.
Les autorités ont mis en place un interrogatoire de 48 heures pour aborder ses liens avec Johann Carta, décrit par la justice comme l’ « intendant du Petit Bar » chargé de gérer clandestinement les activités de cette organisation criminelle dans la région. C’est en surveillant les communications de M. Carta et de ses proches que les enquêteurs ont repéré le nom de la magistrate.
Les chefs d’accusation incluent des soupçons de blanchiment de fraude fiscale, de travail dissimulé en bande organisée, et de trafic d’influence, en lien avec la gestion d’une luxueuse villa dans la baie d’Ajaccio. La maison, qui faisait office de location sur Airbnb malgré des déclarations fiscales inférieures à la réalité, a attiré l’attention des autorités. Les investigations ont également révélé des liens entre la magistrate et des entreprises associées à la sphère Carta-Amhan, dont AK BTP Construction. La garde à vue de Mme Gerhards tentera d’éclaircir ces liens et de démêler les circonstances entourant cette affaire complexe.