Deux mois plus tard, le 20 juillet, la vie d’Hadjira B. prend fin tragiquement. Sous les coups de couteau de son conjoint, Azzedine B., elle succombe à l’âge de 45 ans, laissant derrière elle deux enfants âgés de 2 et 4 ans. Ce féminicide, le 59e depuis le début de l’année, selon la Fédération nationale des victimes de féminicides (FNVF), met en lumière les dysfonctionnements du système de protection et d’accompagnement des victimes.
Hamza, le frère d’Hadjira, est profondément marqué par la disparition de sa sœur. Il se demande si ce drame aurait pu être évité. D’autant plus que les proches d’Hadjira, dont Hamza et sa famille, n’ont bénéficié d’aucune aide médico-psychologique ou légale. Sylvaine Grevin, présidente de la FNVF, déplore cette situation et souligne l’importance d’une prise en charge globale des proches des victimes.
Cependant, une lueur d’espoir se présente lorsque Hamza obtient la garde des enfants, suite à la décision d’une juge des enfants de Pontoise. Ces derniers, qui ont déjà vécu un temps chez leur oncle, sont désormais protégés par le « protocole féminicide ». C’est une avancée significative pour leur sécurité et leur bien-être.
Le récit de l’affaire débute le 7 janvier, lorsque la sœur de Hamza alerte le commissariat de Franconville des insultes et des menaces dont est victime Hadjira de la part de son mari. Les policiers conseillent alors à Hadjira de retourner chez elle, tandis que son mari est prié de rester chez ses parents. À partir de l’été 2022, Azzedine B. suspectant sa femme d’adultère, l’oblige à vivre chez ses parents afin d’exercer une surveillance constante sur elle.
Les violences psychologiques et physiques subies par Hadjira B. continuent de s’aggraver. Le 10 janvier, elle dépose une plainte contre son mari, évoquant des crachats, des insultes et même un coup de poing au visage. Deux jours plus tard, elle dépose une main courante après que son mari a fait changer les serrures du domicile familial.
Face à cette situation insupportable, Hadjira se réfugie chez son frère Hamza avec son fils cadet, laissant son aîné scolarisé à Franconville avec son père qui refuse tout contact entre la mère et l’enfant. Grâce au soutien de deux associations, Solidarité femmes et Du côté des femmes, ainsi qu’à l’aide précieuse d’une avocate, Hadjira dépose fin avril une demande de protection. Elle souhaite notamment que son mari soit interdit de tout contact avec elle et ses enfants, obtenir la garde exclusive des enfants avec un droit de visite pour le père, ainsi qu’une demande de pension alimentaire de 250 euros par enfant.
Malheureusement, cette demande de protection n’a pas abouti avant que le drame ne survienne. Les failles du système sont criantes et il est nécessaire de les corriger. Il est primordial de garantir une prise en charge rapide et efficace des victimes de violences conjugales, ainsi que de leurs proches, pour éviter de tels drames.
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