À l’approche du second tour des législatives 2024, le Grand-Est se trouve au cœur des enjeux électoraux nationaux, avec des batailles décisives qui pourraient redéfinir l’équilibre politique de la région et au-delà. Les partis républicains, en particulier l’Arc Républicain, se mobilisent contre l’avancée du Rassemblement National (RN), qui a remporté des succès notables au premier tour. Des figures emblématiques et des confrontations serrées marquent ce scrutin, soulignant l’importance stratégique des alliances et des reports de voix. Cet article explore les points chauds de cette compétition électorale cruciale pour l’avenir politique du Grand-Est.
Arc Républicain : enjeux et stratégies pour le second tour
Dans l’optique de contrer la montée du Rassemblement National (RN) lors du second tour des législatives, l’enjeu majeur pour l’Arc Républicain est de mobiliser suffisamment de voix pour envoyer des députés au Palais Bourbon. L’objectif est de former une barrière solide face aux avancées du RN, notamment dans le Grand-Est où le RN a réalisé des scores impressionnants lors du premier tour.
Les partis composant l’Arc Républicain, y compris les alliances traditionnelles et le Nouveau Front Populaire (NFP), ont mis en place diverses stratégies électorales et consignes de vote pour maximiser leurs chances. Plusieurs candidats distancés au premier tour ont déjà appelé à voter pour leurs adversaires républicains afin de barrer la route au RN. Les désistements stratégiques et les appels au vote utile sont au cœur de cette bataille.
Le rôle des reports de voix est crucial. Les électeurs des candidats éliminés seront déterminants dans des circonscriptions clés où la lutte entre le RN et les candidats républicains est particulièrement serrée. De plus, les alliances de dernier moment et les campagnes de communication ciblées visent à galvaniser les indécis et à renforcer la mobilisation. Cette stratégie vise non seulement à préserver des sièges, mais aussi à empêcher une dynamique de victoire du RN qui pourrait avoir des répercussions significatives sur l’ensemble du paysage politique français.
Charles de Courson : une place historique en jeu
Charles de Courson, député sortant et pilier de l’Assemblée nationale depuis 1993, est cette fois-ci menacé par la montée en puissance du RN. Devancé par Thierry Besson du RN lors du premier tour avec 46,99 % des voix contre ses 42,66 %, Courson voit son assise historique vaciller dans la 5ᵉ circonscription de la Marne.
Son récent rôle clé dans la motion de censure contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron a reçu un écho particulier, mais cela n’a pas suffi à lui garantir une avance confortable. Cependant, Courson pourrait bénéficier d’un report de voix significatif de la part du NFP, dont le candidat a obtenu 9,36 % des voix et a appelé à voter pour lui. Ce soutien pourrait être le facteur déterminant pour conserver son siège face à une dynamique favorable au RN.
La circonscription de la Marne devient ainsi un terrain de jeu stratégique, non seulement pour Courson mais aussi pour l’ensemble de l’Arc Républicain, qui voit en lui une figure emblématique capable de contrer l’ascension du RN. Le second tour sera marqué par une intense mobilisation des électeurs républicains, ainsi que par des campagnes de terrain visant à remobiliser les abstentionnistes du premier tour.
Duel intense en Moselle : Isabelle Rauch face à Baptiste Philippo
Dans la circonscription de Thionville et ses environs, le second tour des législatives mettra en scène un duel intense entre la députée sortante Isabelle Rauch (Ensemble) et le candidat du RN, Baptiste Philippo. Rauch, arrivée deuxième au premier tour avec 35,29 % des voix, se trouve à la poursuite de Philippo, qui mène avec 38,29 % des suffrages.
Cependant, Rauch pourrait bénéficier d’un report de voix substantiel provenant du Nouveau Front Populaire. En effet, Brigitte Vaïsse, candidate du NFP, ayant récolté 22,84 % des voix, s’est désistée pour soutenir Rauch et faire barrage au RN. Ce soutien pourrait renverser la tendance et offrir à Rauch une nouvelle chance de conserver son siège.
Les enjeux sont élevés dans cette région de la Moselle, marquée par des tensions politiques et une population aux choix électoraux diversifiés. Les stratégies de terrain intensifiées et les efforts de communication pour mobiliser les électeurs indécis seront déterminants. Le résultat de ce duel pourrait bien indiquer la direction que prendra la Moselle dans le cadre plus large de la politique nationale.
Le grand chelem du Nouveau Front Populaire à Strasbourg
Le Nouveau Front Populaire (NFP) se positionne pour réaliser un grand chelem dans les trois premières circonscriptions de Strasbourg et environ, dans le Bas-Rhin. Le contexte électoral est particulièrement favorable pour le NFP, avec des candidats bien placés au premier tour.
Dans la circonscription de Strasbourg-Schiltigheim, Thierry Sother (NFP/PS) a pris la tête face au député sortant Bruno Studer (Renaissance), imposant une compétition difficile pour ce dernier. Avec la candidate RN Stéphanie Dô en retrait, cette triangulaire pourrait bien se solder par une victoire du NFP.
De même, dans Strasbourg-Illkirch, Emmanuel Fernandes (NFP/LFI) fait face à Rebecca Breitman (MoDem) et Virginie Joron (RN) dans une autre triangulaire. Fernandes, avec le soutien d’une base électorale solide, semble bien positionné pour l’emporter.
Enfin, dans le centre de Strasbourg, Sandra Regol (NFP/EELV) affronte Étienne Loos (Renaissance). Le soutien d’anciens responsables politiques locaux comme Fabienne Keller à Loos ne garantit pas sa victoire face à une dynamique NFP bien en place.
Ces élections pourraient redéfinir la scène politique à Strasbourg et renforcer la présence du NFP au niveau national grâce à des victoires stratégiques dans ces circonscriptions clés.
Laurent Jacobelli en Moselle : peut-il conserver son fauteuil parlementaire ?
Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, vise à conserver son siège dans la 8ᵉ circonscription de la Moselle. Face à lui, Céline Léger de l’Union de la gauche représente le principal défi. La force électorale de Jacobelli au premier tour lui donne une certaine avance, mais la configuration du second tour pourrait être différente.
La présence minime du Nouveau Front Populaire au second tour dans ce département pourrait jouer en faveur de Jacobelli, réduisant les appels au vote républicain traditionnellement attendus dans ce genre de contexte. Cependant, Léger espère mobiliser l’électorat de gauche et ceux opposés au RN pour créer une dynamique de vote utile suffisante pour renverser Jacobelli.
Les enjeux sont cruciaux pour le RN qui souhaite non seulement conserver mais aussi renforcer ses positions en Moselle. Jacobelli, fort de son rôle de porte-parole, peut compter sur une campagne énergique et un électorat fidèle. Le scrutin s’annonce serré et pourrait dépendre des derniers jours de mobilisation et des débats publics qui se dérouleront avant le vote final.
Duel serré à Colmar : Brigitte Klinkert contre Laurent Gnaedig
Le second tour des législatives dans la première circonscription de Colmar-Neuf-Brisach (Haut-Rhin) s’annonce comme un duel particulièrement serré entre la députée sortante Brigitte Klinkert (Ensemble!) et Laurent Gnaedig du RN. Arrivé en tête au premier tour avec un avantage de quatre points, Gnaedig part avec une légère avance.
Toutefois, les possibles reports de voix de la candidate socialiste Aïcha Fritsch, qui a obtenu 17,75 % des voix et a appelé à voter contre l’extrême droite, pourraient jouer en faveur de Klinkert. Ancienne ministre et figure de la majorité présidentielle, Klinkert devra compter sur le barrage républicain pour espérer retourner la situation.
La mobilisation des électeurs sera cruciale dans cette circonscription traditionnellement partagée. Les stratégies de terrain, les meetings de dernière minute et les débats locaux joueront un rôle déterminant. Les électeurs indécis et ceux des candidatures éliminées au premier tour seront au cœur de cette élection, dont le résultat pourrait avoir une influence significative sur le dynamisme politique dans la région.