jeudi 19 septembre 2024
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Que deviendra l’école si le RN prend le pouvoir ?

À l’heure où la scène politique française est en pleine ébullition, une question brûlante se pose : que deviendra l’école sous un gouvernement du Rassemblement national (RN) ? La montée en puissance de ce parti suscite des inquiétudes profondes, notamment parmi les enseignants. Le scénario d’une gouvernance RN, avec Jordan Bardella à Matignon, soulève de nombreuses interrogations quant à l’avenir de l’éducation républicaine. Jean-François Guerrero, fervent défenseur des valeurs républicaines, exprime ses craintes et ses réticences face à cette perspective, redoutant une régression institutionnelle et idéologique menaçant les fondements mêmes de notre système éducatif.

Le tournant décisif de la France : montée en puissance du Rassemblement national

Le paysage politique français pourrait bientôt être bouleversé par une ascension fulgurante du Rassemblement national (RN). Si le scénario d’une majorité absolue se confirme, Jordan Bardella pourrait devenir le locataire de Matignon. Une France gouvernée par le RN serait une page inédite et potentiellement inquiétante de notre histoire contemporaine.

L’impact de cette montée en puissance toucherait divers aspects de la société française, mais surtout, elle pourrait transformer le cadre institutionnel et les valeurs de la République auxquelles beaucoup tiennent. Quelles seraient les premières réformes ? Quels secteurs seraient les plus impactés ? Les promesses et discours de la campagne législative du RN semblent indiquer une volonté de changement radical, allant de l’imposition d’un couvre-feu aux uniformes scolaires obligatoires. Les répercussions sociales et économiques seraient considérables.

Pour le comprendre, il est essentiel d’« écouter » celles et ceux qui feront cette nouvelle France. Des voix diverses et variées, des femmes et des hommes de toutes générations, qui voient dans ce tournant politique un bouleversement potentiel de leur vie quotidienne. Alors que les électeurs se préparent, le pays observe avec une attention accrue et une certaine inquiétude.

Jean-François Guerrero : un ardent défenseur de l’éducation républicaine

Jean-François Guerrero, professeur des écoles de 33 ans, s’illustre comme un défenseur acharné de l’éducation républicaine. Enseignant en Réseau d’Éducation Prioritaire (REP+), il se dit profondément attaché aux valeurs de la République. Pour lui, ces valeurs sont non négociables et constituent le fondement même de sa mission éducative.

Face à la montée du RN et à la perspective de voir Jordan Bardella à Matignon, Guerrero exprime ses réserves. Il craint des changements radicaux dans le système éducatif, avec une possible perte de moyens, de pédagogie et de personnel éducatif. « Avec le Rassemblement national, on perdra des fondements essentiels de notre éducation » affirme-t-il avec conviction.

Guerrero n’hésite pas à envisager un départ vers d’autres horizons, comme le Québec ou l’Allemagne, où les conditions pour les enseignants sont jugées meilleures. Sa déclaration est un cri du cœur pour protéger une éducation basée sur l’ouverture et la diversité, loin des valeurs prônées par une idéologie extrême.

Neutralité en péril : défis pour les enseignants sous le RN

Le devoir de neutralité est une pierre angulaire de la profession d’enseignant, mais sous un gouvernement RN, ce principe pourrait être mis à rude épreuve. Jean-François Guerrero évoque la complexité accrue de maintenir cette neutralité face à la libération de certaines paroles et opinions au sein des écoles.

« Un enfant m’a déjà dit que Marine Le Pen n’était pas raciste et ‘qu’on serait bien chez nous’. Je n’ai pas pu répondre », confie Guerrero. Il redoute que ce type de discours devienne plus courant, mettant en péril la neutralité imposée par sa fonction. Cette situation pourrait créer un climat de tension et de confrontation, compliquant davantage le travail des enseignants.

S’il bénéficie de la liberté de s’exprimer grâce à son appartenance au Syndicat des enseignants-UNSA, Guerrero reste inquiet. Quelles consignes devront-ils suivre ? Comment réagiront les cadres et inspecteurs ? La neutralité, déjà un défi au quotidien, pourrait se transformer en véritable casse-tête sous un gouvernement RN.

Discrimination institutionnalisée : une menace pour l’éducation républicaine

Une des plus grandes craintes exprimées par Jean-François Guerrero concerne la discrimination institutionnalisée qui pourrait découler d’un gouvernement RN. « On est tenus de respecter les consignes du ministère… Que se passera-t-il si des règles éducatives sont contraires à nos valeurs, discriminantes ou antirépublicaines ? », s’interroge-t-il.

Cette interrogation n’est pas anodine. Les réformes éducatives sous une majorité RN pourraient inclure des mesures discriminatoires, impactant directement les élèves et enseignants. Les consignes discriminantes ou antirépublicaines imposeraient un dilemme éthique aux enseignants, les poussant à choisir entre leurs valeurs et leur devoir de fonctionnaire.

Beaucoup d’enseignants, comme Guerrero, pourraient se retrouver dans une situation intenable, où ils devraient fermer les yeux sur des injustices ou risquer des sanctions pour désobéissance. Ce climat de tension et d’incertitude pourrait saper les fondements mêmes de l’éducation républicaine, qui prône l’égalité, la liberté et la fraternité.

Exode des enseignants : quand la pédagogie cherche refuge ailleurs

Face à la perspective d’un gouvernement RN, un phénomène d’exode des enseignants semble de plus en plus envisageable. Jean-François Guerrero n’est pas le seul à envisager un départ vers d’autres pays. La qualité et la sécurité des conditions de travail des enseignants pourraient en effet être gravement compromises.

Le Québec et l’Allemagne apparaissent comme des destinations attractives où les enseignants français pourraient trouver refuge. Ces pays offrent des conditions de travail plus favorables, une reconnaissance du métier, et surtout, une éducation basée sur des valeurs démocratiques et inclusives.

Cet exode potentiel ne serait pas sans conséquences pour le système éducatif français. La fuite des talents et des compétences affaiblirait davantage un secteur déjà en crise, laissant les établissements scolaires en difficulté. La pédagogie française risque de perdre de sa richesse et de son efficacité, au détriment des élèves et de la société tout entière.

École divisée : le danger d’une idéologie séparatiste

L’une des conséquences les plus inquiétantes d’une gouvernance RN serait une école divisée, sous l’emprise d’une idéologie séparatiste. Jean-François Guerrero redoute que le RN parvienne à inculquer aux élèves l’idée qu’il ne faut pas se mélanger et qu’il n’existe aucune plus-value dans la différence.

« Notre métier, c’est justement apprendre les richesses de l’autre », martèle Guerrero. L’éducation républicaine repose sur la diversité, l’inclusion et le respect des différences. Une orientation idéologique contraire pourrait fragmenter la société française dès le plus jeune âge, créant des générations de jeunes moins tolérants, moins ouverts et plus enclins aux préjugés.

L’école, lieu de partage et d’apprentissage commun, pourrait devenir un champ de bataille idéologique, où les élèves seraient enseignés à se méfier de l’autre. Un tel avenir constituerait une régression majeure pour une société qui s’efforce de promouvoir l’égalité et l’inclusion. Les enseignants, les élèves et la société en général auraient beaucoup à perdre dans ce scenario inquiétant.

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