Oleg Orlov, membre historique de l’ONG Memorial, a récemment fait face à un procès qui a duré plusieurs mois et qui oscille entre persécution politique et farce absurde. La dernière audience s’est tenue le mercredi 11 octobre, lors de laquelle la procureure a demandé un report du procès afin de soumettre l’accusé à une expertise psychiatrique. Selon elle, le comportement d’Oleg Orlov témoigne d’un sens suraigu de la justice et d’une absence totale d’instinct de conservation. Cette requête n’a finalement pas été obtenue.
Oleg Orlov, militant dissident depuis les années 1970 et cofondateur de l’ONG Memorial, n’a jamais hésité à risquer sa vie et sa liberté pour défendre ses convictions. En 1995, lors de l’assaut des rebelles tchétchènes sur l’hôpital de Boudennovsk, il s’est même constitué otage pour obtenir la libération des patients. Infatigable défenseur des droits de l’homme, il a traversé tous les conflits nés de la décomposition de l’URSS, y compris l’invasion de l’Ukraine en 2022.
Ce sont précisément ses critiques à l’encontre de l’opération spéciale lancée par Vladimir Poutine qui lui ont valu d’être traduit en justice. Depuis le 24 février 2022, il descend régulièrement dans les rues de Moscou, seul, avec de petites pancartes portant des messages tels que « Paix à l’Ukraine, liberté à la Russie », « Notre refus de connaître la vérité et notre silence nous rendent complices du crime » et « URSS 1945, pays victorieux du fascisme ; Russie 2022, pays du fascisme triomphant ». À chaque fois, il a été interpellé et condamné en vertu des lois de censure militaire adoptées en mars 2022.
Malgré ces arrestations et les lois restrictives, Oleg Orlov n’a pas cessé de se battre pour ses convictions. Contrairement à la majorité de ses collègues de l’organisation Memorial, dissoute en fin d’année 2021, il a refusé l’exil. Il a également continué à publier des articles, ce qui lui a valu d’être jugé en récidiviste à partir de juin dernier. Son dernier article intitulé « Ils voulaient le fascisme, ils l’ont eu », paru en novembre 2022 sur le site français Mediapart et sur sa page Facebook, défendait l’idée que la guerre en Ukraine consacre la victoire du fascisme en Russie même.
Le procès d’Oleg Orlov s’est finalement terminé avec une condamnation à une simple amende de 150 000 roubles (1 400 euros) pour « discréditation de l’armée ». Une peine relativement clémente comparée aux verdicts frôlant régulièrement les dix ans de prison pour des faits similaires. Le tribunal a justifié cette clémence en tenant compte de l’âge du prévenu, 70 ans, ainsi que de sa santé fragile.
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