Le Parti républicain, de José Antonio Kast, remporte les élections du Conseil constitutionnel au Chili. Dans un pays gouverné par un président de gauche, Gabriel Boric, cette victoire de l’extrême droite pinochétiste peut sembler paradoxale, surtout quand on sait que cette même droite a toujours refusé de modifier la Constitution héritée de la dictature d’Augusto Pinochet. Qu’est-ce qui a donc porté José Antonio Kast et son parti à la victoire ? Les thématiques qui monopolisent le débat politique au Chili aujourd’hui : l’immigration et l’insécurité.
Le caractère obligatoire du vote a pesé sur cette élection, avec pour conséquence une participation très importante, de l’ordre de 85 %. Et beaucoup de personnes qui, sans cette obligation, seraient restées chez elles ont voté pour le Parti républicain. Cependant, un grand nombre de votes blancs et nuls ont été relevés, soit environ 21 % du total des votants. En observant la totalité de l’électorat, le vote républicain doit être ramené à 23 % environ. C’est un chiffre élevé, mais c’est aussi la totalité du potentiel électoral de José Antonio Kast, le chef du parti.
La campagne n’a pas porté sur le changement constitutionnel, mais sur la crise migratoire et l’insécurité. Des électeurs obligés d’aller voter, ayant pu arrêter leur choix très tardivement, ont vu leur choix influencé par ces thématiques-là. Or, que défend l’ultra-droite au Chili et dans le monde ? Un programme anti-immigration et sécuritaire. Cela souligne aussi l’erreur de la classe politique, gauche comprise, qui passe son temps à parler de la délinquance. Les électeurs préfèrent l’original à la copie.
Enfin, ce triomphe s’explique par la crise que traverse la droite traditionnelle au Chili. Après avoir enchaîné les échecs électoraux, la droite a commencé à modérer son programme, ce qui a permis à Sebastian Piñera d’accéder à deux reprises à la présidence. Mais son second mandat a été catastrophique, marqué par la révolte sociale de 2019, un taux d’approbation au plus bas, puis la pandémie. Ce bilan et la modération de la droite font que certains leaders et électeurs ne se reconnaissent plus dans son programme et cela a ouvert un espace pour le Parti républicain, lancé en 2019.
En définitive, la victoire de José Antonio Kast est le résultat d’un contexte politique et social particulier qui a favorisé les thématiques de l’immigration et de l’insécurité, ainsi que la crise de la droite traditionnelle au Chili. Mais il faut garder à l’esprit que, malgré le caractère massif de cette victoire, le vote républicain représente seulement 23 % du potentiel électoral de José Antonio Kast.
Mots-clés : Chili, élections, Conseil constitutionnel, Parti républicain, extrême-droite, immigration, insécurité, Sebastian Piñera.