La Fashion Week de Paris attire chaque saison des professionnels du monde entier grâce à son offre diversifiée et sa capacité à incarner tous les aspects de la mode contemporaine. Contrairement à des villes concurrentes qui se concentrent sur des segments précis, Paris se distingue par son éclectisme. Avec pas moins de 109 événements programmés pour la saison automne-hiver 2025-2026, la ville lumière est le théâtre d’une créativité sans pareil, comme l’ont illustré les défilés des 8 et 9 mars derniers.
Au cœur de cet événement prestigieux, Hermès reste le symbole du luxe discret. Depuis sa création en 1837, la maison française s’appuie sur un savoir-faire artisanal inégalé et refuse de vendre ses célèbres sacs en ligne, gardant ainsi une aura d’exclusivité. En 2024, Hermès a revendiqué un chiffre d’affaires impressionnant de 15,2 milliards d’euros, enregistrant une hausse de 15 % par rapport à l’année précédente, renforçant sa conviction de rester fidèle à ses valeurs profondes.
Hermès : une vision unique de la mode
Les défilés de Hermès, conçus par la directrice artistique Nadège Vanhée depuis 2014, s’inscrivent dans un univers équestre qui reflète l’héritage de la marque. Les convives sont souvent accueillis par la Garde Républicaine, un clin d’œil à ses origines de sellier. Le décor minimaliste, utilisant des éléments tels que des murs courbes et de la terre, souligne l’authenticité de la marque. La designer évoque une tension fascinante entre force et vulnérabilité, et c’est cette dualité qui porte sa dernière collection, oscillant entre silhouettes sportives et robes sensuelles. « Ce qui m’intéresse, c’est la tension qui naît des paradoxes » souligne-t-elle.
Les designs de McQueen et la touche d’Oscar Wilde
De son côté, le créateur irlandais Sean McGirr, en présentant sa troisième collection pour McQueen, explore des thèmes inspirés d’Oscar Wilde, alliant esthétique victorieuse et romantisme sombre. Les pièces de sa collection incluent des tailleurs en laine noire et de longues robes légères, jouant avec des couleurs vives. Cependant, bien que l’intention soit forte, le cadre de présentation à la galerie de géologie du Jardin des Plantes semble contredire l’atmosphère d’obscurité recherchée, laissant les spectateurs sur leur faim.
Le baroque de Valentino et la mise en scène de l’intimité
Alessandro Michele, avec son défilé pour Valentino, s’attache à questionner notre rapport à l’intimité. Dans un décor inspiré des toilettes publiques, il forge une réflexion sur les adieux aux masques que la société moderne impose. Les mannequins évoluent au milieu de lavabos et de miroirs, créant une ambiance immersive qui met en avant un vestiaire flamboyant, oscillant entre farce et élégance classique. Certaines pièces plus accessibles, comme des pantalons en laine ou des pulls géométriques, semblent destinées à réintégrer le cœur de la clientèle traditionnelle de Valentino.
Balenciaga : une réflexion sur la normalité
Un autre grand nom de la mode, Demna, a également captivé les foules avec son défilé pour Balenciaga. S’exprimant à travers un labyrinthe obscur, le designer a voulu explorer « le concept de normalité » en présentant une série de silhouettes que l’on croise dans la vie quotidienne. Ses références aux costumes usés des employés de bureau et aux survêtements des adolescents créent un écho avec les préoccupations contemporaines, mais l’introspection manifeste de Demna semble l’éloigner des extravagances passées.
Comme l’a affirmé le designer, « Regardez, pour la première fois je porte un costume parce que j’ai enfin réussi à en concevoir un qui me convient ! » Cette saison, la mode à la fois réfléchie et accessible semble devenir une priorité pour lui, laissant place à un designer plus posé, mais toujours soucieux de marquer les esprits.
Au final, la Fashion Week de Paris continue d’évoluer, avec des créateurs qui explorent le luxe, l’intimité et la normalité à travers des présentations innovantes. La diversité et la créativité déployées dans cette capitale emblématique en font un incontournable de l’univers de la mode.
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