Le rappeur iranien Toomaj Salehi, incarcéré en lien avec les manifestations de 2022 en Iran, a récemment été relâché après avoir effectué sa peine. Cette annonce a été confirmée par les autorités judiciaires du pays. Âgé de 34 ans, l’artiste avait été interpellé en octobre 2022 après avoir publiquement exprimé son soutien aux mouvements de contestation qui avaient éclaté en septembre, suite à la tragique mort en détention de Mahsa Amini, une jeune femme kurde iranienne arrêtée pour violation des règles strictes concernant le code vestimentaire des femmes en Iran.
Cette libération intervient après une série d’événements tragiques ayant secoué le pays. En effet, Toomaj Salehi, qui s’est engagé pour la cause à travers ses créations musicales et ses interventions sur les réseaux sociaux, avait été d’abord détenu puis rattrapé par la justice en raison de ses positions. Comme l’a rapporté l’agence judiciaire Mizan, « Toomaj Salehi, condamné à un an de prison pour propagande contre le système politique, a été libéré de prison dimanche après avoir purgé sa peine ».
Un symbole de la contestation
Le parcours de Toomaj Salehi est emblématique des conséquences que subissent les artistes en Iran lorsqu’ils osent contester le régime. Cosignant des paroles engagées et prenant position contre l’oppression, il fait partie des voix qui incarnent le désir de changement au sein de la population. Son arrestation en octobre 2022 s’inscrit dans un contexte où les autorités ont intensifié la répression contre toute forme de dissidence, en réponse aux manifestations massives après la mort tragique de Mahsa Amini, causée par la police des mœurs et le non-respect d’un code vestimentaire très rigide.
Des accusations variées et une répression accrue
À l’instar d’autres artistes, Toomaj Salehi a été confronté à de lourdes accusations. Selon son équipe de défense, il a été inculpé pour « incitation à la sédition, rassemblement, conspiration, propagande contre le système et appel aux émeutes ». Ces accusations illustrent le climat de peur et de répression qui règne en Iran, où chaque opposition à l’autorité peut entraîner des conséquences sévères. Parallèlement, d’autres artistes tels que le chanteur Mehdi Yarrahi et Shervin Hajipour se sont également retrouvés dans le viseur des autorités pour des prises de position similaires.
Une liberté précaire au milieu d’un climat de tension
La situation des artistes en Iran reste périlleuse, même après la libération de Toomaj Salehi. En janvier, Mehdi Yarrahi, critique de l’obligation de porter le voile, a écopé de deux ans et huit mois de prison, peines qui furent ensuite aménagées en assignation à résidence pour des raisons médicales. Shervin Hajipour, dont le morceau Baraye est devenu l’hymne des manifestations, a été condamné pour « activités de propagande contre la République islamique » et « incitation à l’émeute ». Les autorités n’hésitent pas à user de la répression pour silencer les voix discordantes, jusqu’à mener l’exécution de condamnations pour ceux jugés trop menaçants pour le régime.
Un bilan humain tragique
Les événements qui ont secoué l’Iran entre octobre et novembre 2022 ont coûté la vie à de nombreuses personnes, tant parmi les manifestants que les forces de l’ordre. Des centaines de victimes ont été dénombrées, tandis que des milliers d’autres ont été interpellées pour avoir osé s’opposer au pouvoir en place. À titre d’exemple, dix hommes ont été exécutés suite à des jugements en lien avec les manifestations suscitées par la mort de Mahsa Amini, illustrant l’escalade de la répression d’un régime qui se montre toujours intraitable face à la désobéissance.
En dépit de tout cela, la situation de Toomaj Salehi rappelle qu’il existe une lueur d’espoir pour le changement. Bien qu’il ait été condamné à mort pour « corruption sur Terre », cette sentence a été annulée par la cour suprême en juin, fournissant un exemple de la lutte continue contre un système oppressif.
Les voix comme celles de Toomaj Salehi continuent de porter un message fort à une société assoiffée de liberté et de justice.
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