C’est que leurs ambitions européennes sont désormais confrontées à des obstacles qui dépassent leurs capacités de mise en scène.
Le 22 janvier, Emmanuel Macron et Olaf Scholz se sont donné rendez-vous à la Sorbonne pour célébrer les 60 ans du traité de l’Elysée, un symbole de la réconciliation franco-allemande. Cette mise en scène était d’autant plus nécessaire que les mésententes entre les deux pays ont été nombreuses au cours des derniers mois. La signature par la France et l’Espagne d’un traité d’amitié trois jours plus tôt a montré que Paris jugeait nécessaire de se doter d’autres leviers diplomatiques sur le continent européen.
De fait, la crédibilité du tandem franco-allemand a été mise à rude épreuve depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a mis un terme à la parenthèse des « dividendes de la paix » ouverte par l’implosion de l’URSS en 1991. Partout, le « changement d’époque » acté par le chancelier Olaf Scholz pousse les pays européens à se réarmer.
C’est dans ce contexte que le chancelier allemand a annoncé son engagement à faire de l’Allemagne « le pilier de la défense conventionnelle en Europe » et « la force armée la mieux équipée d’Europe ». Emmanuel Macron a quant à lui annoncé une augmentation historique du budget de défense de la France, soit une enveloppe de plus de 400 milliards d’euros au total sur sept ans.
Cependant, ces ambitions européennes sont confrontées à des obstacles qui dépassent leurs capacités de mise en scène. En effet, l’urgence qui préside à ce réarmement fait que l’OTAN en reste la principale bénéficiaire, ce dont Berlin se réjouit, avec l’industrie de défense des Etats-Unis. Et si un réarmement européen aurait pu être propice à l’émergence d’une « souveraineté européenne » en matière de défense, l’incompréhension et l’exaspération suscitée par les réserves de Berlin montrent que cela ne sera pas de sitôt.
L’anniversaire du traité de l’Elysée aurait pu être propice à un geste fort en faveur de l’Ukraine. Toutefois, même si personne ne peut douter de leur détermination à soutenir Kiev, l’Allemagne et la France en ont fait l’économie.
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