Le pape François, en visite à Singapour le 12 septembre 2024, a célébré une messe devant 50 000 fidèles au Stade national, apportant un message d’encouragement à cette cité-Etat prospère mais aux disparités sociales notables. Après une première étape dans des pays où la population est majoritairement catholique, son accueil à Singapour, une nation riche et autoritaire, représente un contraste frappant. Le pontife a salué la réussite économique de la ville tout en abordant les défis liés à la justice sociale et à la situation des travailleurs migrants.
Arrivé à Singapour après une étape marquante au Timor oriental, où la ferveur était palpable avec une population à 97 % catholique, le pape François a constaté une atmosphère un peu moins chaleureuse à son arrivée dans la cité-Etat. Effectivement, alors qu’en Indonésie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée des milliers de croyants s’étaient massés pour l’accueillir, ici, seuls 1 000 fidèles avaient été autorisés à se rassembler à l’aéroport. Ce dispositif strict illustre la nature réglementée et ordonnée de Singapour, une ville-État réputée pour son contrôle social et culturel.
Une visite significative dans un contexte particulier
Le choix de Singapour comme dernière escale d’un voyage dans des pays en développement peut sembler surprenant, mais la ville partage des traits communs avec ses voisines moins prospères. En effet, avec ses 5,9 millions d’habitants, Singapour se distingue par sa diversité ethnique et religieuse, étant un carrefour crucial pour les enjeux géopolitiques de la région. Loin d’être une simple enclave de richesse, le pays constitue un lieu de rencontre entre les influences américaine et chinoise, et son importance sur la scène économique globale est indéniable.
Les succès de Singapour vantés par le pape
Lors de la messe au stade, le pape François a exprimé son admiration pour les gratte-ciels ultramodernes de la ville, les qualifiant de témoignages de l’ingéniosité et du dynamisme de la société singapourienne. Il a noté que ces réalisations brillent par l’esprit d’entreprise qui y existe. Dans un discours éloquent, il a également souligné le modèle de justice sociale du pays, mettant en avant l’efficacité du système public de logement, qui profite à près de 78 % de la population.
Un appel à l’empathie et à la justice sociale
Néanmoins, le pape n’a pas éludé les problèmes sociaux qui persistent malgré le succès économique. « Il est essentiel de veiller à ce que le progrès économique ne laisse personne de côté », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité d’un traitement plus humain des travailleurs migrants, souvent en situation précaire. En moyenne, ces travailleurs touchent des salaires dérisoires, comme les aides ménagères, qui gagnent environ 645 dollars singapouriens par mois (448 euros). Le pape a ainsi interpellé les autorités sur la nécessité de garantir un salaire équitable pour ces employés souvent invisibles et sous-payés.
Une réflexion sur la finance et l’inclusion
Habituellement critique envers le monde financier, le pape François a néanmoins affiché une certaine compréhension envers le rôle de Singapour en tant que centre de la finance asiatique, reconnu même pour des pratiques de blanchiment d’argent. Sa rencontre avec la réalité économique de la cité-Etat l’a conduit à encourager une perspective d’inclusion, demandant aux instances dirigeantes de veiller à ce que les bénéfices de la prospérité économique soient redistribués équitablement.
Cette visite à Singapour, tout en célébrant les réussites d’une nation prospère, rappelle que derrière le vernis de la richesse se cachent des défis sociétaux qui méritent une attention particulière. La voix du pape François, encore une fois, éveille les consciences à la nécessité d’une société plus juste, où aucun individu ne doit être laissé pour compte.
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