Fethullah Gülen, l’imam turc controversé, est décédé à l’âge de 83 ans, comme l’ont rapporté plusieurs médias le 21 octobre. Accusé par le gouvernement turc d’être à l’origine d’une tentative de coup d’État en 2016, il vivait en exil en Pennsylvanie depuis 1999. Sa mort soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir du mouvement Gülen, qu’il avait fondé et qui est qualifié de « terroriste » par Ankara. Dans cet article, nous examinons son parcours, son influence et les conséquences de sa disparition.
Le décès de Fethullah Gülen, signalé dimanche soir, a été confirmé par les autorités turques, avec le ministre des Affaires étrangères déclarant que « le chef de cette sombre organisation est mort » et s’appuyant sur des renseignements. Ce prédicateur, qui avait construit un réseau puissant en Turquie et à l’étranger, se considérait comme un simple réformateur religieux. Sa vie pourrait être envisagée comme un reflet des tensions politiques en Turquie, où la lutte d’influence a été marquée par des alliances puis des ruptures tragiques.
Un parcours complexe et chargé d’influence
Né dans les années 1940 dans la province d’Erzurum, Gülen a commencé sa carrière comme un imam à l’ombre, avant de devenir le leader d’un mouvement global rassemblant des millions de sympathisants. Son organisation, le Hizmet, se concentre sur l’éducation, les œuvres de charité et les médias, tout en infiltrant divers secteurs de l’administration. Bayram Balci, chercheur au Ceri-Sciences Po, souligne que ce parcours tracé par Gülen présente des éléments communs avec des congrégations religieuses influentes telles que les Jésuites. Cette ressemblance illustre l’approche méthodique de Gülen pour établir son réseau de pouvoir, qui lui a permis de rivaliser avec l’establishment kémaliste.
Des relations tumultueuses avec le pouvoir turc
La relation entre Erdoğan et Gülen, qui était initialement fondée sur un partenariat stratégique, a évolué vers une opposition féroce après la tentative de coup d’État avortée en juillet 2016. L’arsenal d’alliés de l’époque est devenu des cibles. Selon les déclarations du ministre de la Justice turc, Yilmaz Tunç, la lutte contre le mouvement de Gülen continuera, indiquant que les répercussions de sa mort pourraient relancer les investigations et répressions à l’égard de ses sympathisants. En effet, le gouvernement turc a récemment intensifié ses efforts pour éradiquer l’influence résiduelle du mouvement à travers des arrestations massives.
Le legs d’un leader controversé
Fethullah Gülen, reconnu pour son goût du secret et son influence mystérieuse, pourrait laisser derrière lui une empreinte toujours présente dans la société turque. Son dernier combat pour la reconnaissance de son mouvement, tout en se dissociant des accusations de terrorisme, reste un sujet brûlant et d’actualité. Alors que sa mort met fin à une époque pour le mouvement Gülen, elle soulève des questions quant à l’avenir de son réseau et à la façon dont le gouvernement turc gérera cette dynamique changeante.
Des implications au-delà de la Turquie
La disparition de Gülen n’est pas seulement un événement national, mais elle pourrait également avoir des implications internationales, tant son réseau s’étend au-delà des frontières turques. Des interrogations persistent quant à la situation des partisans de Gülen, notamment en ce qui concerne la discrimination qu’ils pourraient continuer à subir. Les tensions entre la Turquie et les pays où ses sympathisants se sont réfugiés pourraient également être exacerbées, alimentant des crises diplomatiques.
La mort de Fethullah Gülen, homme à la fois révéré et vilipendé, marque un tournant significatif dans le paysage politique turc. Automatiquement, son héritage sera examiné à travers le prisme des luttes de pouvoir qui ont caractérisé la Turquie au cours des deux dernières décennies. Les conséquences de cette disparition ouvriront un nouveau chapitre dans la longue saga entre Erdoğan et ses opposants, et il ne fait aucun doute que les débats sur le mouvement Gülen continueront à faire rage.
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