La situation politique en Corée du Sud connaît une intensification des tensions avec la récente annonce par l’opposition d’une motion de destitution contre le président par intérim Han Duck-soo. Cette décision fait suite à la destitution de l’ancien président Yoon Suk Yeol, accusé d’avoir tenté d’instaurer la loi martiale. Les défis constitutionnels et les débats autour des nominations judiciaires sont au cœur de cette crise, laissant planer une incertitude sur l’avenir politique du pays.
Dans un climat déjà tendu, la bataille politique s’intensifie en Corée du Sud. Le 26 décembre, l’opposition a dévoilé qu’elle avait déposé une motion de destitution contre Han Duck-soo, qui assure l’intérim présidentiel. Ce développement survient alors que la nation est encore secouée par le coup d’État manqué de l’ancien président Yoon Suk Yeol. La soumission de cette motion, annoncée par le député du Parti démocrate Park Sung-joon, témoigne d’une montée des tensions autour des responsabilités du gouvernement intérimaire et de ses implications sur le fonctionnement du système judiciaire sud-coréen.
Les raisons derrière la motion de destitution
La motion visant Han Duck-soo repose sur des accusations sérieuses, notamment le fait qu’il refuse de combler trois sièges vacants à la Cour constitutionnelle nécessaires pour traiter la destitution de Yoon Suk Yeol. Cette situation est d’autant plus critique puisque ces sièges doivent être pourvus dans un délai de six mois. Park Sung-joon a précisé que cette motion serait soumise au vote le lendemain, augmentant ainsi la pression sur le gouvernement intérimaire.
Han Duck-soo, en tant que premier ministre de 75 ans, a défendu sa position en déclarant que son rôle intérimaire ne lui confère pas de autorité pour procéder à des nominations sans consensus préalable entre les partis. Selon lui, « un consensus entre le parti au pouvoir et l’opposition à l’Assemblée nationale, qui représente le peuple, doit d’abord être atteint »
. Cette affirmation soulève des questions sur sa volonté et sa capacité à agir dans l’intérêt de la nation face à une crise politique croissante.
Les enjeux de la Cour constitutionnelle
La Cour constitutionnelle est à un carrefour essentiel. Prévue pour tenir une audience sur la destitution de M. Yoon, elle doit statuer à la majorité des deux tiers, rendant d’autant plus critique le remplissage des trois postes vacants. Les parlementaires craignent que si ces sièges ne sont pas pourvus avant la fin de la procédure, les six juges restants seront dans l’obligation d’émettre un jugement unanime. Dans ce cadre, un seul vote en faveur de l’ancien président entraînerait son retour immédiat au pouvoir, ajoutant à l’instabilité actuelle.
Une crise politique prolongée
La motions de destitution de Han Duck-soo serait un fait inédit dans l’histoire de la Corée du Sud, marquant la première destitution d’un président par intérim après celle d’un président en activité. Si la motion entre en vigueur, le ministre des Finances, Choi Sang-mok, pourrait devenir temporairement président. La Constitution sud-coréenne permet à l’Assemblée nationale de destituer un président par un vote de majorité des deux tiers, mais le Parti du pouvoir au peuple (PPP) soutient qu’une majorité simple suffirait pour le premier ministre, ce qui intensifie encore la lutte politique actuelle.
La situation s’aggrave également pour Yoon Suk Yeol, actuellement sous enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort. Le Bureau d’enquête sur la corruption, en charge de l’affaire, a déjà convoqué l’ancien président, qui n’a pas répondu aux appels. Les enquêteurs hésitent entre une nouvelle convocation ou une demande de mandat pour le contraindre à comparaître.
Un destin incertain se dessine pour l’ensemble des acteurs politiques sud-coréens : alors que des tensions internes s’exacerbent, l’avenir politique du pays semble compromis. La situation souligne l’importance d’une résolution rapide pour restaurer la stabilité dans cette nation de l’Asie de l’Est.
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