Le Professeur Victor Shih, de l’Université de Californie à San Diego, étudie les élites politiques chinoises, les mécanismes d’interaction entre les autorités locales et le pouvoir central ainsi que les processus de décision dans la Chine d’aujourd’hui. Dans son dernier livre, Coalitions of the Weak (« Les coalitions des faibles »), il analyse la manière dont le président Xi Jinping a utilisé la faiblesse des autres responsables politiques de haut rang pour asseoir un pouvoir total et personnel.
Selon l’agence de presse officielle Chine Nouvelle, le gouvernement chinois se serait basé sur des données obtenues en novembre – à un moment où il y avait déjà des foyers de contamination dans le pays – montrant que les taux d’infection grave et de létalité étaient assez faibles pour justifier leur décision d’assouplir la politique drastique contre le Covid-19. Cependant, Victor Shih ne croit pas complètement à cette version des faits.
Pour le dirigeant Xi Jinping, qui entend rester au pouvoir à long terme, l’économie est un élément décisif. Or, celle-ci allait mal, et le pouvoir a donc décidé de changer de cap soudainement et sans préparation. Enfin, les manifestations de la fin novembre 2022 ont été interprétées comme une réaction à la situation économique, car les possibilités d’emploi étaient restreintes pour les jeunes.
La mort de tous ces gens a un impact sur la confiance que le peuple chinois porte au pouvoir. Bien que la Chine ne soit pas une démocratie, le pouvoir a besoin de se justifier et de prouver que ses décisions ont été prises de façon rationnelle. Une voie médiane aurait tout à fait pu être suivie, à savoir échelonner la fin des restrictions pour envoyer un message d’espoir, tout en lançant une campagne de vaccination massive et en achetant des volumes importants de Paxlovid, un antiviral efficace.
Mots-Clés: Chine, Covid-19, Xi Jinping, Victor Shih, Coalitions of the Weak, Paxlovid.