Le 6 décembre 2024, à N’Djamena, la capitale du Tchad, une manifestation marquante a eu lieu pour soutenir la rupture des accords militaires entre le pays et la France. Environ 300 à 500 jeunes, brandissant des slogans tels que « Tchad hourra, France barra », ont affirmé leur volonté de défendre la souveraineté nationale. Ce rassemblement a mis en lumière un tournant historique dans les relations entre le Tchad et son ancien colonisateur, dans un contexte politique complexe et de bouleversements régionaux significatifs.
Le récent appel à la fin de la coopération militaire historique entre le Tchad et la France est survenu dans un climat de tensions croissantes. Annoncé par le gouvernement tchadien le 28 novembre, cette décision a suscité un élan de soutien populaire, particulièrement chez les jeunes. Les manifestants, réunis près du stade de N’Djamena, ont exprimé leur désir de voir une armée tchadienne autonome, capable de sécuriser le pays. « Après soixante ans de coopération, nous n’avons pas besoin de militaires français, nous avons une armée, nous pouvons défendre notre pays »,
a relaté Abdel daim Abdallah Ousmane, leader religieux et participant actif à cette démonstration.
Des Manifestations Pacifiques et Symboliques
Cette mobilisation s’est déroulée dans un cadre pacifique, bien que les autorités aient légalement restreint les rassemblements en dehors de l’enceinte du stade. Pourtant, de petits groupes se sont formés sur les routes de la capitale, illustrant l’enthousiasme et la détermination de la population à faire entendre sa voix. « Notre manifestation est pacifique, nous ne sommes pas un ennemi de la France et la France n’est pas un ennemi pour le Tchad »,
a ajouté Ousmane, soulignant l’absence d’hostilité envers l’ancienne puissance coloniale.
Une Réaction Rapide et Contextuelle
La réaction de Paris face à cette rupture des accords a été mesurée. Après une rencontre récente entre le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et les autorités tchadiennes, le gouvernement français a affirmé avoir pris « acte »
de cette annonce tout en signalant qu’une réévaluation de ses missions militaires en Afrique était déjà en cours. Cela fait écho à une série de retrait militaire français dans d’autres pays de la région tels que le Mali et le Burkina Faso, renforçant l’idée d’un repositionnement général des forces françaises en Afrique.
Un Tchad à la Croisée des Chemins
Cette rupture avec la France représente un moment charnière pour le Tchad, un pays qui a toujours été un allié stratégique de la France en Afrique. Dans un contexte politique délicat, après le coup d’État de 2020, les autorités tchadoises se retrouvent à jongler avec des défis internes et externes. Le pays fait face à des attaques récurrentes de Boko Haram et à une crise humanitaire aggravée par des inondations dévastatrices. De plus, le Tchad accueille de nombreux réfugiés fuyant les conflits au Soudan, ajoutant une pression supplémentaire sur un gouvernement qui s’efforce de maintenir la stabilité.
Les Implications Futures de la Rupture
Avec cette décision, la question cruciale reste de savoir comment les États-Unis et les partenaires internationaux envisageront de réengager la coopération. « Comment est-ce que nous pourrions réengager la coopération avec ces États ? »
a interrogé le porte-parole du Quai d’Orsay, Christophe Lemoine, soulignant l’incertitude qui plane sur les relations futures. La situation pourrait influencer non seulement le Tchad, mais également la dynamique régionale, en particulier dans un environnement où la France voit ses bases militaires contestées sérieusement.
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