vendredi 22 novembre 2024
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Coup d’Etat institutionnel à Madagascar: le président du Sénat destitué et les élections reportées !

Accusations de folie et destitution du président du Sénat à Madagascar

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, dit le proverbe. A Madagascar, qui veut se débarrasser d’un adversaire l’accuse d’être fou. Ces mots résument parfaitement la situation actuelle à Madagascar, où le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa, a été destitué après avoir révélé avoir subi des pressions et des menaces de mort de la part de membres du gouvernement.

Tout a commencé le lundi 9 octobre, lorsque Herimanana Razafimahefa a publiquement déclaré avoir été contraint de renoncer à exercer le pouvoir par intérim jusqu’à l’élection présidentielle, en raison de ces pressions et menaces. Une déclaration osée qui a rapidement fait sensation, mais qui lui a valu également de nombreux détracteurs.

En effet, dès le lendemain, jeudi 12 octobre, les sénateurs se sont réunis en session extraordinaire, sur convocation du premier ministre Christian Ntsay, et ont voté la destitution de Herimanana Razafimahefa. Une destitution largement attendue, étant donné que la chambre est majoritairement acquise au parti du président sortant Andry Rajoelina.

Pourtant, cette destitution a soulevé de nombreuses protestations, notamment quant à la régularité de la convocation du Sénat en session spéciale et de manière précipitée. Selon la Constitution malgache, lorsque l’Assemblée nationale ne siège pas, le gouvernement peut convoquer les sénateurs en session spéciale, mais uniquement pour avis. Or, il semblerait que cette convocation ait été utilisée à des fins de destitution.

De plus, le matin même de la destitution, Herimanana Razafimahefa a fait réaliser un examen médical par le service de neuropsychiatrie de l’hôpital de Befelatanana. Les résultats de cet examen ont conclu à la bonne santé physique et intellectuelle du président du Sénat, affirmant qu’il était apte à exercer ses fonctions sans aucune altération cognitive. Un compte rendu médical qui a été déposé à la Haute Cour Constitutionnelle afin de démontrer que les accusations de ses pairs sont sans fondement.

Mais cette destitution n’est qu’une étape parmi d’autres dans un processus que l’opposition qualifie de « coup d’État institutionnel ». En effet, la HCC a annoncé, le jeudi même, un report du premier tour de l’élection présidentielle d’une semaine, suite à une requête du candidat Andry Raboelina. Ce dernier a été gravement blessé lors de la manifestation du 2 octobre contre le président sortant, Andry Rajoelina, et a été évacué à l’île Maurice pour y être soigné. Ce report est également considéré comme une entorse à la loi par l’opposition, qui rappelle que la fixation de la date des élections relève de la prérogative du gouvernement.

Face à ces événements, l’opposition attend une réaction de la communauté internationale. Les partenaires étrangers se sont jusqu’à présent contentés de critiquer l’usage disproportionné de la violence pour réprimer les manifestations pacifiques, mais l’opposition estime que cela ne suffit pas. Elle déplore le manque de réaction concernant ces dérives du régime en place et met en doute la crédibilité et l’acceptation de ces élections par tous.

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