Kenzaburo Oé, écrivain japonais majeur du XXème siècle, est décédé à l’âge de 85 ans dans la maison Kodansha. Il était un homme fidèle à ses valeurs et à ses idées de démocratie et de pacifisme. Lucide et discret, il était toujours vigilant et inspiré par un humanisme qui cherchait à contrer l’oubli. Les faibles et les discriminés, les victimes et les oubliés avaient une place importante dans sa vie. Son empathie profonde envers eux le faisait entendre dissonant et dissident dans un Japon du consensus mou de la fin du siècle.
Il avait l’habitude de recevoir ses invités dans sa maison familiale d’un quartier résidentiel à Tokyo. Son bureau était un labyrinthe de bibliothèques et de rayons de livres parfaitement alignés, nécessitant une escalade de livres mémorable pour accéder à son bureau. Deux fauteuils, une table basse, un divan et un petit bureau étaient disposés avec soin dans une organisation millimétrée. Tout était parfaitement en ordre. Son fils Hikari, atteint de déficience mentale, jouait du piano à ses côtés pendant qu’il travaillait. Sa fenêtre donnait sur le cerisier du jardin de sa maison, un véritable havre de paix pour cet écrivain d’une grande humanité.
Il était une chevelure blanche en broussaille, ses grosses lunettes rondes contrastaient avec son sourire chaleureux et joyeux. Il était un conteur étonnant et un puits de connaissances, construisant la conversation au fil des digressions en consultant des passages de livre. Le lendemain, il envoyait un fax avec des notes manuscrites: des idéogrammes, des mots anglais et français se mélangeaient.
Kenzaburo Oé était un auteur profondément en harmonie avec son temps, un humaniste qui cherchait à préserver sa connexion avec les profondeurs de l’âme humaine dans un contexte de changement rapide. C’est un monument de la littérature qui disparaît.
Mots-Clés: Kenzaburo Oé, Écrivain japonais, Décès, Humanisme.