Alors que la dissolution de l’Assemblée nationale au soir du 9 juin avait provoqué des remous sur les marchés financiers, le résultat inattendu des élections législatives a été accueilli avec sérénité le lundi 8 juillet. Néanmoins, la visibilité sur la future composition du gouvernement et ses orientations budgétaires demeure incertaine. L’indice CAC 40 de la Bourse de Paris a amorcé la journée en baisse de 0,5 %, mais a rapidement inversé la tendance pour progresser de 0,4 % vers 10 heures. Sur le plan des changes, l’euro, qui avait commencé la journée en recul, s’est stabilisé autour de 1,0830 dollar. En ce qui concerne la dette, l’écart entre les rendements des obligations d’État françaises à dix ans et les équivalents allemands s’est réduit à 64 points de base, bien en deçà du pic de 86 points atteint avant le premier tour de scrutin le 30 juin. Le CAC 40, qui avait enregistré une baisse de 6,5 % en trois semaines après la dissolution de l’Assemblée, avait déjà rebondi de 2,6 % la semaine dernière suite à la publication de plusieurs sondages indiquant l’absence d’une majorité absolue pour le Rassemblement national (RN) dans la nouvelle assemblée. Le résultat du second tour, plaçant le RN en troisième position avec 143 élus derrière Ensemble (168) et le Nouveau Front populaire (NFP) en tête avec 182 sièges, n’a pas remis en question les prévisions de base qui ont sous-tendu ce rebond. Alexandre Baradez, analyste de marché chez le courtier IG, souligne : « Le marché était déjà positionné en anticipant l’absence de majorité absolue pour les extrêmes et a obtenu ce qu’il attendait, sauf la surprise de la première place décrochée par la gauche. Néanmoins, une autre surprise reste : le centre n’a pas complètement perdu du terrain ». La nouvelle configuration politique issue des résultats du second tour ne devrait probablement pas avoir d’impact majeur sur le marché selon lui, car les scénarios les plus extrêmes sont écartés par les rapports de force à l’Assemblée, même les mesures les plus radicales ne devraient pas être adoptées, même celles proposées par la gauche. Le soulagement engendré entre les deux tours par la perspective grandissante d’une absence de majorité pour l’extrême droite et le NFP s’était déjà manifesté dans les résultats de l’émission d’obligations lancée le jeudi 4 juillet par l’Agence France Trésor. En effet, les investisseurs ont souscrit pour 10,5 milliards de titres, le plafond prévu, avec une demande dépassant de plus de 2,5 fois l’offre.