Le réassureur SCOR a engagé des discussions exclusives avec Albin Michel pour la cession de la maison d’édition Humensis. Ce dernier regroupe des entités prestigieuses telles que les Presses universitaires de France (PUF), l’éditeur scolaire Belin, ainsi que des collections renommées comme « Que sais-je ? », les Éditions des Équateurs et les Éditions de l’Observatoire. L’annonce de ces négociations a été faite le 9 octobre aux membres du comité social et économique (CSE) de SCOR.
Deux prétendants étaient dans la course pour cette acquisition : Albin Michel et Flammarion (groupe Madrigall). C’est finalement Albin Michel qui a été retenu, bien que le montant de la transaction reste confidentiel. La finalisation de la vente pourrait prendre plusieurs semaines encore.
Un passé riche mais tumultueux
Humensis, créée en 2016 grâce à l’initiative de l’ancien président de SCOR, Denis Kessler, a pour ambition de sauvegarder les PUF d’une éventuelle faillite. Kessler, fervent promoteur de la « société de la connaissance », a réorienté SCOR vers cette diversification intellectuellement ambitieuse, bien que l’aventure se soit avérée coûteuse et éloignée des activités traditionnelles du réassureur.
Malgré quelques succès notables, notamment avec des auteurs comme Abel Quentin, Sylvain Tesson ou Gaspard Koenig, Humensis a dû faire face à des difficultés financières significatives. SCOR a récemment injecté 8 millions d’euros pour recapitaliser l’entité après un exercice 2022 décevant.
Le contexte de la cession
A peine quelques mois après le décès de Denis Kessler en juin 2023, la décision de vendre Humensis a été prise. SCOR a confié la mission de vente à la banque d’affaires Gimar & Co. Cependant, le processus a été ralenti par des interrogations autour des réformes éducatives projetées par Gabriel Attal, dont l’avenir demeure incertain.
Le marché de l’édition scolaire sous tension
Un des enjeux cruciaux de cette vente repose sur la valorisation de la maison d’édition Belin, qui fait partie d’Humensis. Le secteur de l’édition scolaire est particulièrement cyclique, car il est fortement influencé par les réformes de l’éducation nationale. Par exemple, en 2016, lors de la dernière réforme du collège, ce marché avait atteint un pic de 331 millions d’euros. Cependant, en l’absence de réformes depuis, les chiffres sont tombés en dessous de 200 millions d’euros.
Dans ce contexte, Belin se positionne comme le quatrième acteur sur le marché de l’édition scolaire en France, ce qui illustre davantage la difficulté de sa situation actuelle.
Les perspectives d’avenir
La cession d’Humensis à Albin Michel pourrait offrir un nouveau souffle à cette maison d’édition, tout en soulignant l’importance d’une vision claire pour l’avenir de l’éducation nationale et ses réformes. La réussite de cette transition dépendra également de la réaction du marché et de l’aptitude d’Albin Michel à diversifier et revitaliser Humensis.
En somme, bien que l’avenir d’Humensis semble prometteur sous la direction d’Albin Michel, il est inévitable que les circonstances économiques et politiques continueront de jouer un rôle prépondérant dans la réussite de cette opération.
Mots-clés: SCOR, Albin Michel, Humensis, édition scolaire, PUF, Belin, reformes éducatives, Denis Kessler