Le scandale des taux Libor et Euribor refait surface récemment. Le 27 mars, après de nombreuses années de procédures, une cour d’appel britannique a surpris en confirmant la condamnation de deux traders, Tom Hayes et Carlo Palombo, accusés d’avoir manipulé ces taux d’intérêt entre 2005 et 2009, qui sont des références majeures pour les marchés financiers. Cette décision a souligné le rôle unique du Royaume-Uni dans cette affaire, aucune autre juridiction au monde n’ayant condamné ces courtiers depuis qu’une cour américaine les a innocentés en janvier 2022. Les justices française et allemande ont également longtemps considéré qu’il n’y avait pas de faute pénale.
Même les fondateurs de l’Euribor manifestent leur désarroi. Les jugements de la cour britannique ont été critiqués pour leur interprétation erronée des règles établies par ces mêmes fondateurs. Helmut Konrad, Nikolaus Boemcke et Jean-Pierre Ravisé ont exprimé leur indignation dans une lettre commune en avril. Cela a eu des conséquences dramatiques pour les condamnés, avec trente-sept traders dont la vie a été bouleversée par les divers procès, conduisant à des condamnations et des emprisonnements. Tom Hayes a écopé de onze ans de prison et a maintenu son innocence, tandis que Carlo Palombo a été condamné à quatre ans de prison et a vécu des moments personnels difficiles.
À l’époque des faits, les taux Libor et Euribor étaient fixés quotidiennement à 11 heures par un panel de banques qui communiquaient les taux auxquels elles effectuaient des transactions interbancaires. Cependant, des traders à l’intérieur des banques pariaient sur ces taux, créant des conflits d’intérêts potentiels. Lors de la création de l’Euribor en 1998, les fondateurs ont pris en compte cette problématique en mettant en place un panel de 64 banques pour neutraliser les intérêts divergents. Malgré cela, la justice britannique a interprété différemment la situation, en imposant l’obligation de soumettre les taux les plus bas possibles chaque jour à 11 heures, rompant avec les pratiques antérieures des traders.