Le groupe Lactalis, leader mondial dans le secteur laitier, a annoncé une réduction significative de la collecte de lait en France, une décision qui provoque des bouleversements au sein de l’industrie laitière. À partir de fin 2024, Lactalis diminuera d’environ 450 millions de litres sa collecte de lait, particulièrement destinée aux marchés internationaux, pour concentrer son activité sur les produits mieux valorisés sur le territoire français. Cette décision, décrite comme une véritable déflagration par les représentants du milieu agricole, suscite des inquiétudes parmi les éleveurs laitiers.
Emmanuel Besnier, président de Lactalis, a récemment pris la parole pour expliquer cette stratégie amendée lors d’une conférence à Laval. Cette réorganisation vise non seulement à optimiser la rentabilité de l’entreprise, mais également à mieux répondre aux évolutions des prix sur le marché international. D’ici 2030, la réduction progressera sur plusieurs années, permettant aux éleveurs de s’adapter à cette nouvelle réalité économique.
Une décision aux implications profondes
Le groupe Lactalis, qui collecte actuellement environ 5,1 milliards de litres de lait par an en France, mettra en place cette réduction progressivement, avec une première étape de 320 millions de litres, ciblant particulièrement les régions des Pays de la Loire. Cette décision marque un tournant majeur pour les éleveurs, soulignant la fragilité du système laitier français. « C’est une déflagration pour le milieu laitier »
, a déclaré Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Il a ajouté que de nombreux producteurs pourraient être confrontés à des difficultés majeures à long terme.
La stratégie de Lactalis repose sur une observation lucide du marché mondial. L’entreprise souhaite se recentrer sur les produits qui, selon ses analyses, ont une meilleure valorisation sur le marché intérieur. Cela implique une réduction drastique de l’exportation, un secteur de plus en plus soumis aux aléas des prix, ce qui représente environ un tiers du volume total de Lactalis.
Impact sur l’industrie laitière et les éleveurs
Cette décision soulève de nombreuses questions concernant l’avenir des exploitations laitières en France. Avec 450 millions de litres en moins à collecter, les éleveurs s’inquiètent de l’impact sur la viabilité de leurs exploitations. La crainte d’une réduction du nombre de troupeaux de vaches laitières est bien présente. Arnaud Rousseau a exprimé son inquiétude : « On a appris ça hier soir. C’est trop tôt pour évaluer le nombre de troupeaux qui pourraient disparaître »
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Réactions et perspectives
Face à cette annonce, les réactions sont vives au sein du milieu agricole. Les éleveurs expriment des craintes pour leurs moyens de subsistance, précisant que Lactalis, en tant que leader du marché, est perçu comme une entité solide. Cependant, la réalité des marchés mondiaux est également prise en compte. « Quand vous êtes collectés par le numéro un mondial, vous avez le sentiment que vous êtes avec quelqu’un de solide, mais ce sont les marchés qui dictent les termes »
, a expliqué Rousseau. Cette approche est peut-être salutaire pour l’entreprise, mais elle pourrait engendrer des conséquences désastreuses pour une partie des producteurs.
De plus, Lactalis a récemment ajusté le prix du lait dans un effort de revalorisation pour les éleveurs, augmentant le tarif à 425 euros pour 1 000 litres en tenant compte des coûts de production. Ce changement était anticipé, mais l’annonce de la réduction de la collecte a pris tout le monde par surprise, provoquant des incertitudes et des inquiétudes pour l’avenir de la filière laitière.
Une évolution nécessaire mais risquée
La réduction de la collecte de lait par Lactalis est une réponse aux défis contemporains, mais elle implique un risque majeur de déséquilibre au sein de l’industrie. Les éleveurs doivent désormais naviguer dans un environnement difficile où la prévision de la rentabilité et la durabilité de leurs exploitations sont mises à l’épreuve. En fin de compte, la santé du secteur laitier français dépendra de la capacité des producteurs et des acteurs comme Lactalis à collaborer et à s’adapter à ces nouvelles réalités.
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