Moins d’un mois après sa prise de fonction à la tête de Bayard, François Morinière semble impulser un changement significatif au sein du groupe de presse et d’édition. Les premières décisions prises par le nouveau président inquiètent certains employés, notamment avec la nomination d’Alban du Rostu, un proche du milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin, au sein de l’organisation. Les tensions montent et les interrogations concernant l’orientation future de l’entreprise ne cessent de croître.
Le 1er novembre, François Morinière a officiellement succédé à Pascal Ruffenach en tant que président du directoire de Bayard. Ce groupe est connu pour ses titres emblématiques tels que La Croix ou Le Pèlerin, mais également pour ses publications jeunesse telles que Pomme d’Api et J’aime lire. À peine installé dans ses fonctions, Morinière fait déjà face à une levée de boucliers de la part de ses équipes, préoccupées par le virage qu’il semble vouloir donner à l’entreprise.
Un changement de cap décidé dès le départ
La nomination d’Alban du Rostu comme directeur de la stratégie et du développement a été confirmée par François Morinière lors d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire le 25 novembre. Bien que ce poste soit nouveau, la présence d’Alban du Rostu suscite un débat intense. Ancien bras droit de Pierre-Edouard Stérin, du Rostu a un parcours chargé, ayant dirigé le Fonds du bien commun. Cette organisation fonctionne comme un vecteur philanthropique, soutenant des causes alignées avec les convictions de son patron, qui ne cache pas ses opinions conservatrices et ses craintes vis-à-vis de l’immigration.
“Vient-il à Bayard avec un agenda politique ?” interroge une élue du personnel, tout en exprimant sa volonté de rester vigilante face à ces évolutions. D’après Alban du Rostu, ses obligations se limiteront à l’aspect stratégique, soulignant un manque d’intention de s’immiscer dans les contenus éditoriaux. Pourtant, son passé, ayant fait office de liaison entre figures de la droite et Stérin, laisse planer des doutes parmi les employés de Bayard.
Les inquiétudes des employés
Les craintes des salariés s’expriment au travers des commentaires de certains journalistes de Bayard. Un d’eux, qui souhaite garder l’anonymat, déclare : Le profil de M. du Rostu ne nous correspond pas, car nous défendons un catholicisme qui n’est pas identitaire.
Cette observation révèle un profond désaccord sur l’avenir de la ligne éditoriale de Bayard, marquée par un engagement envers une vision de la foi chrétienne inclusive, dont les employés craignent maintenant qu’elle soit compromise.
Les ramifications d’une telle nomination
La sélection d’Alban du Rostu chez Bayard pourrait avoir des répercussions bien au-delà des murs de l’entreprise. La création d’un lien plus étroit entre le groupe et les affiliations politiques traditionnelles de droite est désormais un sujet sensible. Même si M. du Rostu rejette toute association avec le projet Périclès, qui vise à constituer une nouvelle élite politique de droite et d’extrême droite, les préoccupations des employés persistent. La présence de figures aussi polarisantes pourrait nuire à la réputation du groupe de presse, dont l’héritage syndiculaire repose sur ses valeurs de neutralité et d’ouverture.
En somme, la direction actuelle de Bayard, sous François Morinière, se trouve à un tournant important. L’intégration d’Alban du Rostu au sein de l’équipe de direction a fait jaillir des interrogations et des inquiétudes quant à l’avenir de l’entreprise. Est-ce que le groupe va rester fidèle à ses valeurs, ou va-t-il épouser une vision politique plus à droite ? Les prochaines décisions pourraient se révéler cruciales pour l’identité même de Bayard.
Mots-clés: Bayard, François Morinière, Alban du Rostu, presse, conservatisme, Catholicisme