Le 16 octobre 2023, un hommage poignant a été rendu à Dominique Bernard, enseignant tragiquement assassiné trois jours plus tôt devant la cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras, dans le Pas-de-Calais. Cet attentat, survenu lors d’une journée marquée par des élèves circulant dans le quartier, laisse une empreinte indélébile sur une communauté déjà éprouvée. Des fleurs ont été déposées, des larmes versées, révélant ainsi une douleur collective que saura étayer l’engagement envers le vivre-ensemble, indispensable pour surmonter une telle tragédie.
En ce début d’octobre, les portes de la cité scolaire Gambetta-Carnot s’ouvrent aux élèves, leurs rires et bavardages résonnant dans le petit square proche. Pourtant, ce lieu de vie est douloureusement empreint du souvenir de l’attentat meurtrier du 13 octobre 2023, qui a coûté la vie à Dominique Bernard, professeur de lettres. Une scène devenue tragique : le square a été entouré de blocs de béton, tandis que des jardinières ont été placées là où l’enseignant a trouvé la mort, un acte commis par un ancien élève, Mohammed Mogouchkov. Ce drame a bouleversé l’établissement, rassemblant élèves et enseignants dans une profonde tristesse.
Un traumatisme ancré dans la mémoire collective
François Duceppe-Lamarre, professeur d’histoire-géographie, se remémore ses propres émotions face à ce nouveau quotidien. « Aujourd’hui, j’arrive à y passer, comme par n’importe quelle porte », témoigne-t-il, partagé entre courage et chagrin. Ce geste, aussi simple soit-il, est un reflet de la lutte intérieure de plusieurs enseignants, qui tentent d’apprivoiser un lieu de travail devenu scène de chaos. « Parfois, je passe, et je salue Dominique, j’ai une pensée pour lui », évoque-t-il avec une voix tremblante. Un an après cette tragédie, la communauté éducative de Gambetta-Carnot fait face à un souvenir vivace, les blessures psychologiques restent encore ouvertes.
Des commémorations difficiles à vivre
La souffrance est palpable alors que la cérémonie du 11 octobre a permis d’honorer la mémoire de Dominique Bernard, suivie d’un hommage public le 13 octobre, présidé par la mairie d’Arras en présence d’Isabelle Bernard, veuve du professeur. Face à ce contexte de deuil et à la violence dont ils ont été témoins, certains enseignants, sous le choc, ont dû interrompre leur activité pendant plusieurs mois. « Les commémorations nous replongent dans les événements, c’est très difficile pour certains d’entre nous, et des élèves comme des enseignants craquent », souligne M. Duceppe-Lamarre, dépeignant ce cycle de douleur qui peine à se refermer.
Un soutien indispensable
En réponse à cette nécessité de soutien émotionnel, le rectorat de Lille a réactivé des cellules d’écoute pour accompagner la communauté éducative, et divers dispositifs psychologiques ont été mis en place par la préfecture, l’association France Victimes, et l’académie. Paul-Eric Pierre, secrétaire général du rectorat, précise : « Il est important pour nous de répondre au besoin de continuité du suivi sur un long terme exprimé par les personnels ». Ce suivi a été consolidé par l’établissement, en lien avec des écoles ayant subi des tristes épisodes similaires, telles que celle où travaillait Samuel Paty, martyrs de la violence complaisante.
Vers un avenir solidaire
Cette période lourde de souvenirs est ainsi investie par des initiatives qui visent à recréer du lien et à redonner de l’enthousiasme, un défi partagé par l’ensemble de la communauté éducative. « Continuer à œuvrer pour le vivre-ensemble », tel est le mantra de ce virage vers un avenir plus porteur d’espoir. Les efforts déployés ne feront sans doute pas oublier le passé, mais permettront aux élèves, professeurs et parents de se projeter vers un horizon de solidarité et d’empathie, des valeurs essentielles pour panser les blessures encore ouvertes.
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