Flore est si stressée d’avoir reçu une ordonnance d’expulsion de son appartement qu’elle a été reçue par Nathalie Cariou-Dourmap, chargée de mission prévention des expulsions à Saint-Denis, Seine-Saint-Denis, lundi 23 janvier, sans attendre sa permanence hebdomadaire. « Tout ça, c’est pour moi ? », s’est-elle exclamée, incrédule, en voyant les dossiers préparés par la chargée de mission.
Flore doit agir vite, car elle pourrait être expulsée de son appartement à la fin de la trêve hivernale, le 31 mars, à moins qu’elle obtienne un sursis. « Le juge peut vous accorder trois à trente-six mois supplémentaires », a expliqué Nathalie Cariou-Dourmap. Malheureusement, cette possibilité de répit pour Flore est menacée par la proposition de loi dite « antisquat », adoptée le 2 décembre à l’Assemblée nationale. Ce texte prévoyait une peine de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende pour un squatteur ou un locataire refusant de quitter les lieux à l’issue de la procédure d’expulsion. Un amendement voté en commission au Sénat, mercredi 25 janvier, supprime l’amalgame, mais maintient la possibilité de condamner un locataire expulsé à six mois de prison et 7 500 euros d’amende.
Flore, mère célibataire de 53 ans, élève seule ses deux filles et se serrait la ceinture pour payer ses 800 euros de loyer. Quand elle n’a plus eu les moyens de le faire, elle a tenté d’expliquer sa situation à son propriétaire, qui n’avait pas voulu réparer sa baignoire cassée et qui n’a pas répondu à ses appels. Depuis, il est venu la menacer et a même forcé sa porte. Dans l’espoir de gagner plus, elle a arrêté l’intérim et travaille dans une cantine d’école à une heure de métro, mais son salaire ne suffit pas à payer le loyer, qui dépasse désormais 900 euros. En raison de ses impayés, ses 300 euros d’aide personnalisée au logement (APL) lui ont été suspendus. Avec l’aide d’une assistante sociale, Flore a constitué un dossier de surendettement et ses dettes ont été effacées. Malheureusement, la procédure d’expulsion engagée par le propriétaire est toujours en cours et elle doit maintenant plus de 7 000 euros.
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