Mesures en faveur des quartiers populaires : des attentes déçues
La première ministre, Elisabeth Borne, s’est exprimée lors du conseil interministériel des villes (CIV) qui s’est tenu le 27 octobre à Chanteloup-les-Vignes, en présence de treize ministres et devant une centaine de maires de banlieue et de représentants d’associations. Ce rendez-vous, maintes fois reporté, était très attendu car il permet à l’État de dévoiler son action en matière de politique de la ville, qui concerne près de 1 500 quartiers et plus de 5 millions d’habitants.
Ce CIV s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan « Quartiers 2030 », présenté en juin par le président de la République. L’objectif est de donner aux habitants des quartiers les moyens de choisir leur vie. Cependant, les acteurs de terrain espéraient des mesures fortes, avec du souffle et un changement de méthode. Ils demandaient des mesures ambitieuses, à la hauteur des enjeux, qui montreraient que le gouvernement a pris conscience de la précarisation des territoires et des difficultés des banlieues.
Le discours d’Elisabeth Borne a été suivi de plus de deux heures de prises de parole successives des ministres du logement, de l’éducation, de la ville, etc. Mais les applaudissements ont été brefs et sans entrain. Les mines étaient fermées, le grand soir n’a pas eu lieu. La première ministre est partie sans un mot à la presse, sans même saluer Gilles Leproust, maire d’Allonnes et président de l’association Ville & Banlieue, qui l’attendait à la sortie.
Cette déception est d’autant plus criante que cette réunion a eu lieu dix-huit ans jour pour jour après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux adolescents électrocutés dans un poste électrique à Clichy-sous-Bois, déclenchant trois semaines d’émeutes à travers la France. Elle intervient également trois mois après la mort de Nahel M., tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, suivi de huit jours de violences urbaines.
Les attentes étaient élevées car le gouvernement avait dévoilé, la veille, des mesures axées principalement sur l’ordre et la répression. Les acteurs de terrain attendaient donc des mesures sociales, afin d’apporter un équilibre aux réponses post-émeutes. Malheureusement, les mesures annoncées lors du CIV n’ont pas été à la hauteur des espérances.
En conclusion, le conseil interministériel des villes à Chanteloup-les-Vignes a laissé un goût amer aux acteurs de terrain, et notamment aux maires de banlieue et aux représentants d’associations. Les mesures annoncées n’ont pas été perçues comme suffisamment fortes, ambitieuses et en adéquation avec les enjeux des quartiers populaires. Cette déception survient dans un contexte particulier, marqué par des événements tragiques tels que la mort de Zyed Benna, Bouna Traoré et Nahel M.
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