Depuis son retour en politique active, Donald Trump n’a de cesse de redéfinir les contours de son influence, y compris dans les sphères scientifiques et académiques. À travers une série de décisions controversées, son administration impose une vision rigide, marquée par une volonté de neutralité idéologique. Parmi ces mesures, l’instauration d’un lexique interdit pour les chercheurs financés par des fonds publics suscite une vive polémique. Cette initiative, perçue comme une attaque contre la liberté académique, soulève des débats houleux sur les conséquences pour l’avenir de la recherche et de l’innovation aux États-Unis. Décryptage.
Donald Trump frappe fort : un retour à la Maison-Blanche sous le signe du changement
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne perd pas de temps pour imposer sa vision politique. Le 47e président des États-Unis a entamé son mandat par une série de décrets visant à redéfinir les priorités de l’administration fédérale. Parmi les mesures phares, le démantèlement des programmes de diversité et d’inclusion (DEI) a fait grand bruit. Ces initiatives, perçues comme « woke » par l’administration Trump, sont désormais dans le collimateur du gouvernement.
Cette politique marque une rupture nette avec les approches de l’administration précédente, notamment en matière de justice sociale et d’équité. En ciblant les programmes jugés trop idéologiques, Donald Trump cherche à recentrer les agences fédérales sur des missions « apolitiques », selon ses propres termes. Le président affirme vouloir rétablir une « neutralité idéologique » dans la gestion publique, une position qui divise profondément les Américains.
En un temps record, ces réformes ont suscité de vives réactions, non seulement dans les milieux politiques, mais également parmi les chercheurs et universitaires. Beaucoup dénoncent une attaque contre la diversité et la liberté académique. Cependant, pour les partisans de Trump, ces décisions sont nécessaires pour « débarrasser l’État de la bureaucratie woke ». Ce retour fracassant à la Maison-Blanche promet donc un mandat marqué par des transformations profondes et controversées.
Lexique interdit : la science sous pression face à une censure sans précédent
La décision de l’administration Trump d’imposer un lexique interdit aux chercheurs financés par la Fondation nationale pour la science (NSF) a provoqué une onde de choc dans le monde académique. Une liste de termes comme « inclusion », « minorités », « stéréotypes » ou encore « trauma » a été identifiée comme étant à bannir des travaux soumis pour financement. Cette directive, dévoilée par le Washington Post, souligne une volonté claire de contrôler le langage scientifique.
Le mécanisme est implacable : toute proposition contenant un mot interdit dans son titre, résumé ou description est automatiquement signalée, mettant ainsi en péril son approbation. Les chercheurs se retrouvent contraints de modifier leur terminologie, risquant de dénaturer leurs travaux pour se conformer aux nouvelles règles. Cette censure lexicale touche également les conférences, ateliers et autres activités de subvention, créant un climat d’incertitude et de méfiance.
Pour les scientifiques, cette politique représente une atteinte directe à la liberté académique et à l’intégrité intellectuelle. « Si je mentionne l’inflammation systémique, je suis signalée », s’indigne une chercheuse en psychologie. Face à cette pression, la communauté scientifique s’interroge : jusqu’où ira ce contrôle idéologique et quelles en seront les conséquences pour la recherche américaine ?
Financements en danger : quand les mots décident de l’avenir de la recherche
La nouvelle politique de l’administration Trump a placé les chercheurs dans une situation périlleuse : leurs financements dépendent désormais des mots qu’ils utilisent. Selon les experts, cette mesure met en péril des projets cruciaux, notamment dans les domaines de la santé publique, des sciences sociales et de l’environnement. Les termes tels que « changement climatique », « justice environnementale » ou « équité » sont sur la liste noire, rendant quasi impossible l’obtention de fonds pour ces sujets.
Les témoignages affluent. Alessandro Rigolon, professeur associé en urbanisme, a dénoncé les risques liés à ces interdictions dans un message poignant publié sur Bluesky : « Le simple fait de mentionner le mot ‘climat’ dans une demande de subvention peut entraîner son rejet. » Ce climat de censure pousse certains chercheurs à abandonner des thématiques essentielles, privant ainsi la société de réponses cruciales aux défis contemporains.
Pour beaucoup, cette stratégie met en lumière une instrumentalisation politique du financement scientifique. Les chercheurs sont contraints de choisir entre adapter leur langage ou voir leurs projets abandonnés. Une telle situation risque d’affaiblir durablement l’innovation et la compétitivité scientifique des États-Unis sur la scène mondiale.
Offensive politique : la croisade contre l’héritage de l’administration Biden
La croisade menée par Donald Trump contre les initiatives de l’administration Biden ne se limite pas à la rhétorique. Elle se manifeste également par une révision en profondeur des financements publics. Les données publiées par le Sénateur républicain Ted Cruz montrent que plus de 3.400 subventions, représentant un total de 2,05 milliards de dollars, ont été jugées « douteuses » en raison de leur alignement avec les principes DEI.
Pour l’administration Trump, ces projets incarnent « les excès de la gauche radicale ». En réponse, une politique stricte a été mise en place pour réorienter les fonds vers des recherches considérées comme « légitimes ». Cette démarche vise à démanteler l’héritage progressiste de Joe Biden, tout en établissant une nouvelle norme pour le financement de la recherche.
Cependant, cette offensive est loin de faire l’unanimité. De nombreux experts dénoncent une politisation accrue de la science, accusant le gouvernement de privilégier une vision idéologique au détriment des besoins réels. Pour Trump et ses alliés, il s’agit au contraire de restaurer l’« intégrité scientifique ». Ce bras de fer politique risque de redéfinir durablement le paysage académique et institutionnel américain.
Liberté d’expression ou contrôle idéologique : la science au cœur du débat
La controverse autour des mots interdits soulève une question fondamentale : s’agit-il d’une mesure nécessaire pour garantir une recherche apolitique, ou d’une atteinte à la liberté d’expression ? Cette décision de l’administration Trump place la science au cœur d’un débat idéologique qui dépasse les frontières académiques.
Pour les défenseurs de cette politique, le contrôle du langage permettrait de neutraliser les biais idéologiques et de recentrer la recherche sur des objectifs « neutres ». En revanche, ses détracteurs y voient une forme de censure qui étouffe l’innovation et le débat scientifique. L’utilisation de mots spécifiques n’est pas qu’un simple détail sémantique ; elle reflète des réalités complexes que les chercheurs tentent de comprendre et d’expliquer.
Dans ce contexte, la frontière entre régulation et censure devient floue. L’approche de Donald Trump ravive des tensions anciennes sur le rôle de la politique dans le financement de la science. Alors que les chercheurs américains adaptent leurs travaux à ces nouvelles règles, la communauté internationale observe avec inquiétude une évolution qui pourrait avoir des répercussions mondiales sur la liberté académique.