Près de trois décennies après ses succès à Vitrolles et Marignane, deux villes voisines, le Rassemblement national (RN) réaffirme sa présence politique dans les Bouches-du-Rhône. Cinq mois après avoir obtenu dix des seize circonscriptions législatives du département, le parti dirigé par Marine Le Pen remporte une nouvelle victoire. Le 24 novembre, lors d’une élection municipale partielle à Rognac, Christophe Gonzalez, 53 ans et nouvel adhérent du parti, triomphe dans une atmosphère paisible. Cette commune, qui compte environ 12 500 habitants, se situe à proximité de l’étang de Berre, un espace largement industrialisé.
La candidature de M. Gonzalez était présentée sous une double étiquette « union des droites », associant le RN au RPR, grâce à la formation « Rassemblement pour reconstruire » lancée en juin 2023 par Franck Allisio, responsable départemental du RN et proche de Marine Le Pen. Tout au long de la campagne, la liste a bénéficié d’un solide soutien d’élus et de militants du RN venus d’ailleurs. Elle l’emporte finalement avec près de 150 voix d’avance, totalisant presque 38 % des votes, dans une élection quadri-partie.
Une victoire stratégique
Franck Allisio a exprimé sa satisfaction, déclarant : « C’est la réussite de notre stratégie d’ouverture et une victoire à la loyale. Quand tout le monde se maintient avec ses convictions et ne fait pas semblant de s’allier, nos idées gagnent. »
Cette citation souligne l’importance de la transparence et de l’unité face à un adversaire. M. Gonzalez devance Willy Nicollet (35 %), un ancien adjoint à la sécurité, qui se présentait sans étiquette mais sur une base marquée à droite. La maire sortante, Sylvie Miceli-Houdais (UDI), affaiblie par des controverses, termine troisième et se voit reléguée au rôle de simple conseillère municipale d’opposition.
Un faible taux de participation
Malgré les efforts, le taux de participation a été décevant, atteignant 52 % au second tour, une légère hausse par rapport à 51 % la semaine précédente. Willy Nicollet, dont la candidature a manqué de soutien populaire, a exprimé ses regrets : « Je m’attendais à une meilleure mobilisation des habitants pour une élection qui régit leur quotidien. Les Rognacais ont choisi et les listes qui se sont maintenues aussi. Tout le monde devra assumer. »
Un chemin semé d’embûches
Christophe Gonzalez, originaire de Rognac, est parvenu à se distinguer dès le premier tour, le 17 novembre, avec 33 % des voix. La présence de trois autres listes a empêché la création d’un front anti-RN solide. Bien que soutenu par Renaud Muselier (Renaissance), président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et Martine Vassal (divers droite), présidente du conseil départemental, M. Nicollet a choisi de conserver son indépendance : « Nous ne les avons pas sollicités car nous voulions rester indépendants »,
ont expliqué les membres de son équipe, soulignant leur détermination à mener leur campagne sans compromis.
Ragnac, une nouvelle ère politique
La victoire de Christophe Gonzalez à Rognac marque une nouvelle ère dans la dynamique politique de cette commune. Les enjeux locaux, souvent perçus comme déconnectés des réalités nationales, prennent une couleur nouvelle avec l’émergence d’un pouvoir installé. Cette élection questionne aussi la capacité des partis traditionnels à se rassembler face à la montée du RN et à proposer une alternative crédible aux électeurs.
La situation politique à Rognac reflète des enjeux plus larges que ceux de la simple gouvernance municipale. Une réflexion est nécessaire sur la façon dont les électeurs choisissent leur représentation et sur l’impact des choix politiques sur leur quotidien.
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