Les mercredis représentent un véritable défi pour de nombreuses familles françaises qui peinent à trouver des solutions de garde d’enfants. À la racine de ce problème se trouve une crise profonde au sein de l’animation périscolaire. Les communes, qui dépendent largement de ces animateurs pour encadrer les activités des enfants en dehors des heures d’école, rencontrent des difficultés croissantes à recruter et maintenir en poste ces professionnels essentiels. Entre pénuries de personnel qualifié, conditions de travail précaires et manque de reconnaissance, les villes sont confrontées à des obstacles majeurs. Découvrez les enjeux et tentatives de solutions dans cet article.
La crise des animateurs périscolaires frappe les communes
La pénurie d’animateurs périscolaires est devenue un véritable casse-tête pour de nombreuses communes françaises. Les difficultés de recrutement touchent tous les temps périscolaires : avant l’école, à la pause méridienne avec la cantine, et après les heures de classe. Ce problème se manifeste également au sein des centres de loisirs, où le manque de personnel qualifié conduit souvent à une réduction du nombre de places disponibles. Par exemple, à Asnières-sur-Seine, le nombre de places pour les activités du mercredi a dû être limité faute d’animateurs. Durant les vacances scolaires, la situation est similaire avec des activités annulées en raison d’un personnel insuffisant.
Cette crise n’est pas nouvelle, mais elle semble s’aggraver malgré les efforts pour redynamiser ce secteur crucial pour les communes. Plusieurs facteurs expliquent cette pénurie : un manque de reconnaissance de la profession, des horaires décousus, et des contrats souvent précaires. Ces conditions de travail entraînent un turn-over important, perturbant la continuité des services offerts aux enfants et aux familles. À Strasbourg, par exemple, malgré des efforts de recrutement, il manque encore 150 vacataires sur les 800 nécessaires, accentuant les difficultés de gestion des temps périscolaires.
Strasbourg cherche des solutions durables
Face à cette crise, Strasbourg tente de trouver des solutions pérennes pour combler le déficit en animateurs périscolaires. La ville, qui emploie déjà 210 animateurs et 800 vacataires, cherche à fidéliser son personnel et à améliorer les conditions de travail pour éviter un turn-over élevé. Selon Syamak Agha Babaei, premier adjoint au maire, l’une des clés pour stabiliser le secteur réside dans l’augmentation des volumes horaires offerts aux animateurs et la transition des vacataires vers des contrats plus stables de type contractuel.
Cette approche vise à valoriser ces emplois, essentiels pour les familles et les enfants, et à reconnaître la pénibilité du travail. Investir dans la formation des animateurs est également un axe central. La ville de Strasbourg envisage des programmes de formation continue et des initiatives pour encourager plus de jeunes à s’engager dans cette profession. Cette stratégie inclut aussi une campagne de sensibilisation pour attirer des candidats qualifiés, soulignant l’importance sociale de ces métiers.
Urgence de réformer l’animation périscolaire
La situation actuelle met en lumière l’urgence de réformer en profondeur le secteur de l’animation périscolaire. Les modèles actuels, qui reposent largement sur des statuts précaires tels que celui de vacataire, montrent leurs limites. Le manque de stabilité et de reconnaissance professionnelle décourage les candidats potentiels et provoque une hémorragie de talents. Il est donc impératif de repenser le cadre légal et structurel de l’emploi des animateurs.
Rozenn Merrien, présidente de l’Association nationale des directeurs et des cadres de l’éducation des villes et des collectivités territoriales (Andev), insiste sur la nécessité d’une meilleure organisation du temps de travail pour les animateurs. Les horaires parcellés et les faibles volumes d’heures ne permettent pas de fidéliser le personnel. Des initiatives pour augmenter les heures de travail et offrir des contrats plus attractifs sont essentielles. Les collectivités doivent également investir dans des programmes de formation pour rehausser le niveau de compétence et offrir de réelles perspectives de carrière aux animateurs.
Un plan ambitieux pour revitaliser l’animation
Pour répondre à cette crise, un plan ambitieux de réformes a été lancé par le gouvernement en février 2022. Ce plan, composé de 25 mesures et doté d’un investissement de 64 millions d’euros, vise à revitaliser le secteur de l’animation périscolaire. Parmi les initiatives phares, on retrouve des programmes de formation certifiante pour les animateurs non qualifiés, soutenus par l’État.
L’une des mesures les plus marquantes est l’abaissement de l’âge minimum pour obtenir le BAFA (Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur) à 16 ans, accompagné d’une aide financière de 200 euros. Ces initiatives ont déjà porté leurs fruits, avec une augmentation de 37% du nombre de BAFA délivrés en 2022. Ce plan de revitalisation ne se contente pas d’augmenter le nombre d’animateurs mais vise également à améliorer la qualité de la formation et à offrir des perspectives d’évolution professionnelle.
Des initiatives pour renforcer la formation des animateurs
La formation des animateurs est un levier crucial pour surmonter la crise actuelle. Plusieurs initiatives ont été lancées pour renforcer les compétences des animateurs et leur offrir des perspectives de carrière. Outre l’accès facilité au BAFA, le gouvernement a également introduit un baccalauréat professionnel dédié à l’animation, avec deux ans de formation intensive.
Les premières promotions de ce baccalauréat sont sorties en 2023, marquant une étape importante dans la professionnalisation du secteur. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour que ces formations soient disponibles sur tout le territoire national. La diffusion de ces diplômes et la reconnaissance de leur valeur sur le marché du travail sont essentielles pour attirer de nouveaux talents et garantir une qualité d’encadrement homogène sur l’ensemble du territoire.
L’avenir de l’animation scolaire et la formation
L’avenir de l’animation périscolaire passe par une réforme en profondeur des modalités de formation et d’emploi des animateurs. La reconnaissance de ces métiers comme de véritables carrières professionnelles, avec des perspectives d’évolution claires, est indispensable. Les initiatives actuelles, bien que prometteuses, doivent être amplifiées et généralisées pour répondre à la demande croissante.
Investir dans la formation continue et encourager les animateurs à se spécialiser dans différentes branches de l’animation (sportive, culturelle, éducative) pourrait également dynamiser le secteur. La mise en place de partenariats avec des instituts de formation et des universités pourrait faciliter l’accès à des qualifications supérieures, tout en garantissant une meilleure reconnaissance des compétences acquises. Cela permettrait de créer un écosystème de formation robuste, capable de soutenir les besoins en constante évolution des services périscolaires.
Mobilisation collective pour un avenir meilleur
Face aux défis posés par la crise des animateurs périscolaires, une mobilisation collective est indispensable. Les collectivités locales, le gouvernement, les associations professionnelles et les établissements de formation doivent travailler main dans la main pour trouver des solutions durables. Les assises de l’animation, lancées par la secrétaire d’État en charge de la Jeunesse et du Service national universel en 2021, ont permis de jeter les bases de cette mobilisation concertée.
Les conclusions de ces assises ont conduit à des réformes importantes, mais elles doivent être suivies d’actions concrètes et continues. Une approche transversale, impliquant tous les acteurs du secteur, est essentielle pour revitaliser l’animation périscolaire et garantir un avenir meilleur pour les enfants, les familles et les animateurs. La reconnaissance de la pénibilité de ces métiers, l’amélioration des conditions de travail et la valorisation des compétences sont des étapes clés pour redonner ses lettres de noblesse à ce secteur pourtant indispensable